Totalement dépendante du pétrole pour sa production d’électricité, Porto Rico étudie plusieurs scénarios pour diversifier sa matrice énergétique. Mais l’aval des écologistes est difficile à obtenir …
L’île qui dit non aux éoliennes
Totalement dépendante du pétrole pour sa production d’électricité, Porto Rico étudie plusieurs scénarios pour diversifier sa matrice énergétique. Mais ni la construction d’un gazoduc, ni le projet de parc éolien ne réussissent à obtenir l’aval des écologistes.
Le passage aux énergies propres n’est pas toujours simple, le conflit qui divise les habitants de l’île de Porto Rico en témoigne. Pour endiguer la hausse continue des tarifs de l’électricité et recourir à des modes de production plus respectueux de l'environnement, le gouvernement de Porto Rico a mis sur pied deux projets ambitieux, qui suscitent une farouche opposition populaire.
Un "couloir vert" pour transporter le gaz
Baptisé “couloir vert” par l’entreprise nationale de distribution d’électricité, le premier projet consiste à construire un gazoduc pour substituer le gaz naturel aux dérivés du pétrole dans certaines centrales thermiques. L’initiative permettrait de réduire de 64% les émissions atmosphériques polluantes et entraînerait une baisse importante des coûts de production.
Toutefois, pour atteindre la zone métropolitaine de San Juan, le gazoduc devra traverser la cordillère centrale et la zona kársica: un secteur écologiquement fragile, que les opposants aux projets entendent bien préserver. Les écologistes qualifient désormais le gazoduc de “tube de la mort” et préfèreraient lui substituer de véritables énergies vertes, telles que l’éolien, le solaire ou l’hydroélectrique.
Car si le gaz est plus propre que le pétrole, il n’en reste pas moins un combustible fossile, émetteur de CO2 et non renouvelable.
Des éoliennes au détriment des terres cultivables
Le second projet du gouvernement, un parc éolien d'une puissance de 75 mégawatts comprenant entre 44 et 65 générateurs, suscite des critiques tout aussi virulentes de la part des défenseurs de l’environnement, regroupés sous le Front de Résistance Agricole (FRA).
Cette coalition s’emploie à protéger les terres cultivables menacées par l’expansion urbaine. Elle refuse de voir s’installer les éoliennes au beau milieu des meilleures zones agricoles du pays. Selon les chiffres du recensement agricole des États-Unis, Porto Rico a déjà perdu 19 % de ses terres cultivables entre 2002 et 2007. D’autres études indiquent par ailleurs que l’agriculture locale produit à peine 15 % des aliments consommés chaque année par les portoricains, tout le reste devant être importé.
Pour beaucoup d'organisations écologistes, la solution aux problèmes énergétiques de l’île est ailleurs. Il est urgent de sensibiliser la population aux problèmes de consommation d’énergie. Luis Silvestre, de la Société ornithologique de Porto Rico, l'affirme:
La mise en place de politiques d’économie d’énergie pourrait permettre des diminutions de coût 6 à 10 fois supérieures à celles engendrées par les énergies renouvelables.