Mardi 4 novembre un nouveau chiffre concernant la disparition des espèces animales a été annoncé. L’Europe a perdu 421 millions d’oiseaux en moins de trente ans. C’est une nouvelle alarmante quand on sait que le Fonds pour la nature (WWF) a annoncé dans son rapport Planète vivante le 30 septembre dernier que la Terre a perdu la moitié de ses animaux sauvages en 40 ans.
La biodiversité mise à mal
« C’est un avertissement qui vaut pour toute la faune européenne. La manière dont nous gérons l’environnement est insoutenable pour nos espèces les plus communes » a expliqué Richard Gregory, le président de la Société royale pour la protection des oiseaux. Au delà des espèces les plus communes ce sont bel et bien toutes les espèces animales qui sont menacées.
Dans son rapport bisannuel présenté à l’Unesco le 30 septembre et réalisé avec la Zoological Society of London et les ONG Global Footprint Network et Water Footprint Network les conclusions du WWF sont plus qu’alarmantes. Ce rapport est basé sur trois indices, l’indice planète vivante (IPV), l’empreinte écologique et l’empreinte eau.
L’IPV mesure l’évolution de la biodiversité en se basant sur 10 380 populations appartenant à 3 038 espèces. Les résultats de l’étude de cet indice montre que les effectifs de ces espèces ont décliné de 52% en 40 ans, entre 1970 et 2010. Les espèces les plus touchées sont les espèces d’eau douce avec une chute de 76% de leurs effectifs. Concernant les régions du globe, c’est l’Amérique latine qui est la plus touchée (-83%) suivie de près par l’Asie-Pacifique.
Une planète et demie nécessaire pour vivre
Le second indice du rapport, l’empreinte écologique, mesure la pression exercée par l’homme sur la nature en calculant précisément les surfaces terrestres et maritimes dont il a besoin chaque année pour produire les biens et services qu’il consomme mais aussi pour absorber les déchets. Le WWF indique que l’empreinte écologique de l’humanité a atteint les 18,1 milliards d’hectares globaux (hag : hectares de productivité moyenne) en 2010. Cette empreinte mondiale a doublé depuis 1960 et est désormais supérieure de 50% aux capacités de la planète. Tout cela signifie qu’en 2010, l’homme a utilisé l’équivalent d’une planète et demie pour vivre. Comment cela est-ce possible ? Car nous coupons des arbres à un rythme supérieur à celui de leur croissance, nous péchons plus de poissons qu’il n’en nait chaque année et nous rejetons d’avantage de carbone que les forêts et les océans ne peuvent en absorber…
Enfin, l’empreinte eau, le dernier indice du rapport mesure les volumes d’eau douce et d’eau de pluie nécessaires à nos modes de vie. Sans grande surprise c’est la production agricole qui utilise la majeure partie de l’empreinte eau globale avec 92%, loin devant la production industrielle et les usages domestiques avec respectivement 4,4% et 3,6% de l’empreinte eau globale. Le WWF montre aussi que tous les ans, plus d’un tiers de la population mondiale vit dans des zones connaissant une grave pénurie d’eau pendant au moins un mois par an.
Comme le déclare Philippe Germa, le directeur général du WWF France, « l’humanité peut réussir à décorréler son développement de son empreinte écologique. Il faut pour cela préserver le capital naturel, notamment en arrêtant de surexploiter les stocks halieutiques, produire mieux, avec moins d’intrants et de déchets et plus d’énergies renouvelables, et réorienter les flux financier, en prenant en compte les coûts environnementaux et sociaux ».