Le gouvernement équatorien achète chaque année d’importantes quantités de produits alimentaires destinés aux cantines scolaires, aux maisons de santé ou à d’autres programmes sociaux dont il a la charge.
L’État s’approvisionnera directement auprès des petits producteurs
Le gouvernement équatorien achète chaque année d’importantes quantités de produits alimentaires destinés aux cantines scolaires, aux maisons de santé ou à d’autres programmes sociaux dont il a la charge. Rompant avec la politique d’approvisionnement appliquée jusqu’alors, l’État a décidé de se fournir directement auprès des producteurs, grâce à l’organisation de marchés destinés à promouvoir l’inclusion sociale.
Ce mode d’approvisionnement insolite a été rendu possible grâce à la modification de la réglementation de l’Institut national des marchés publics et à la mise en place d’un portail permettant la sélection des fournisseurs, qu’il s’agisse de personnes ou d’associations. Une commission technique organise les marchés, sur lesquels les producteurs doivent se rendre en personne. L’attribution des contrats se fait en public, afin de garantir la transparence et l’équité du processus. Les marchés sont organisés dans chaque province, afin de favoriser un approvisionnement local. Cette décentralisation permet non seulement une baisse des coûts, mais elle encourage également les petits producteurs sur l’ensemble du territoire.
Pour mettre en place ce nouveau système, le gouvernement de Rafael Correa n’a pas hésité à résilier le contrat passé avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM) des Nations Unies, chargé pendant de nombreuses années d’assurer l’approvisionnement de l’État en denrées alimentaires. Ximena Ponce, ministre de l’Inclusion Économique et Sociale, estime que les méthodes du PAM étaient lentes et onéreuses, en plus d’être vulnérables à la corruption. L’État devait en effet verser 3% de commission au PAM, qui se fournissait auprès d’intermédiaires et bénéficiait donc de tarifs peu avantageux. Mme Ponce explique que malgré les frais engagés par l’État pour ouvrir des bureaux et les équiper du matériel informatique nécessaire à la gestion de ce nouveau système, le gouvernement équatorien a déjà économisé près de 13 millions de dollars depuis la mi-2009. Un an après les premiers essais, les marchés de producteurs représentent le principal mécanisme d’attribution de contrats publics.
Même satisfaction du côté des petits paysans, qui vendent désormais leur production à de bien meilleurs prix. Pour Teodoro Méndez, président d’une association de producteurs agricoles de la vallée d’Imbabura, au nord de Quito, plus question de baisser la tête devant les intermédiaires avec lesquels il faisait affaire auparavant. Quant à María Robertina Ipiales, une jeune femme membre de la communauté indigène de Atuntaqui, elle explique avec fierté comment elle a pu vendre elle-même ses flocons de céréales à l’État grâce aux marchés de producteurs, et raconte que sa production est passée de 1 à 12 tonnes, offrant ainsi du travail à toute sa famille.
Encouragé par le succès de cette initiative, l’État pourrait bientôt appliquer ce nouveau modèle à d’autres types de produits, tels que les matières premières ou les fournitures scolaires par exemple.