« L’une des choses les plus improductives de notre économie est de déplacer chaque matin des millions de personnes vers des zones de travail puis chaque soir vers leur domicile. » Alvin Toffler, 1971.
En France, en seulement vingt-cinq ans, la distance moyenne domicile-travail a crû de 60% ! Près d’un habitant sur quatre, en Ile-de-France, passe même plus de deux heures par jour dans les transports. Le constat est valable pour les transports collectifs, de plus en plus bondés et aux horaires de moins en moins fiables, mais surtout pour l’automobile puisque 73% des actifs se rendent encore à leur lieu de travail en voiture, passant en moyenne 58 heures par an dans les bouchons.
Dans son dernier ouvrage, Sans Bureaux Fixe, Bruno Marzloff affirme que la crise du transport est en fait un des symptômes d'une crise plus profonde du travail.
Il tente de montrer que plutôt que de chercher des moyens, qui se raréfient, à investir dans les infrastructures, une autre option est d’investir dans l’organisation du travail. L’option consiste à diminuer les mobilités subies, en favorisant les mobilités choisies.
Le sociologue situe l’avènement du travailleur « sans bureau fixe » dans un contexte de déplacement rapide d’une économie industrielle vers une économie servicielle et de la montée en puissance de l’économie du partage (« économie collaborative »).
Le travailleur « sans bureau fixe » constitue, pour Bruno Marzloff, « l’allégorie du travailleur en devenir » : nomade ultra connecté, il incarne la « transition de l’automobile au mobile » et l’émergence de ce « quotidien à distance » que le sociologue juge, à terme, inéluctable.