Avec un indice de développement humain (IDH) inférieur de 11% à celui du reste de la population mexicaine, les communautés indigènes restent à la traîne, malgré les aides financières du gouvernement.
Les peuples indigènes, citoyens de seconde zone
Avec un indice de développement humain (IDH) inférieur de 11% à celui du reste de la population mexicaine, les communautés indigènes restent à la traîne, malgré les aides financières du gouvernement. Des inégalités bien difficiles à gommer, qui trouvent leurs racines dans l’histoire du pays.
Près de 38% des enfants indigènes souffrent de malnutrition chronique, presque trois fois plus que la moyenne nationale. C’est ce que révèle un rapport consacré aux peuples autochtones du Mexique élaboré par le Programme les Nations Unies pour le développement (PNUD). À partir de données recueillies depuis 2006, ces travaux ont permis d’évaluer l’indice de développement humain (IDH) pour la région, un indicateur social composite qui s’intéresse essentiellement à trois aspects : le niveau d’éducation ; les revenus ; et l’espérance de vie, liée à l’accès aux soins de santé.
Au Mexique, les indigènes sont estimés à 12 millions et représentent environ 11% de la population du pays, qui compte 107 millions d’habitants. Dans ces communautés, le taux de mortalité infantile atteint 228 pour 10 000, tandis que 300 mères sur 100 000 meurent en couches chaque année. Elles sont moins de 10 en Europe ou en Amérique du Nord.
Le bilan est tout aussi catastrophique en ce qui concerne l’éducation, avec 46,5% d’analphabétisme. Plus de 50% des femmes et 42% des hommes ne terminent pas l’école primaire.
Pourtant, le gouvernement affirme avoir multiplié par deux le budget consacré au développement des communautés indigènes. Magdy Martínez Solimán, coordinateur résident du Système des Nations Unies au Mexique, explique que ces fonds ne sont pas assez ciblés et que seule une petite partie de l’aide atteint les populations qui en ont véritablement besoin. Selon lui, il existe
un retard atavique, historique et chronique
...qui rend difficile la progression sociale des communautés indigènes, malgré les programmes d’intégration du gouvernement, aussi ambitieux soient-ils. Les intéressés considèrent quant à eux qu’il s’agit avant tout d’un problème d’accès à la santé, au logement et au travail, dû en grande partie à la discrimination dont ils sont victimes.
Au niveau des revenus, l’inégalité est flagrante : les communautés autochtones affichent un retard de 17% par rapport au reste du pays et leurs chances de sombrer dans la pauvreté avoisinent les 38%.
Pour Rodolfo Torre, du bureau d’investigation du Développement Humain du PNUD, on assiste à une véritable transmission intergénérationnelle de la misère. Les indigènes 'héritent' d’un accès à l’éducation restreint et d’un fort taux de malnutrition, qui limitent le développement des facultés cognitives des enfants. Une conséquence directe du traitement infligé à ces populations à travers l’histoire du pays.