Une entreprise britannique veut libérer des spécimens de laboratoire capables d’éradiquer les populations de moustiques porteurs du virus de la dengue. Selon certains spécialistes, cette technique pourrait se révéler dangereuse et inefficace.
Les moustiques génétiquement modifiés ne font pas l’unanimité
Une entreprise britannique veut libérer des spécimens de laboratoire capables d’éradiquer les populations de moustiques porteurs du virus de la dengue. Selon certains spécialistes, cette technique pourrait se révéler dangereuse et inefficace.
Réunis à l’Université de Panama, un groupe d’experts internationaux en biosécurité venus de Malaisie, du Mexique et du Royaume Uni ont dévoilé les projets de la firme britannique Oxitec, spécialisée dans la modification génétique des insectes. En pourparlers avec les autorités locales, l’entreprise pourrait en cas d’accord mener prochainement des expériences au Panama et au Costa Rica afin de lutter contre le virus de la dengue.
La technique mise au point par Oxitec consiste à libérer des moustiques mâles de l’espèce Aedes aegypti porteurs d’un gène spécial, qui empêche leur descendance d’arriver à maturité. Baptisés “moustiques terminators”, ces insectes doivent être libérés au bon moment et en quantité suffisante pour éradiquer les populations d’Aedes aegypti et empêcher les épidémies de dengue.
Une méthode risquée
Pour Chin Li Lim, chercheuse à l’ONG malaisienne Réseau du Tiers-Monde (TWN), un tel programme peut avoir de multiples conséquences pour le Panama, pas forcément positives. Le pays devrait acheter chaque année des millions de moustiques génétiquement modifiés à la compagnie britannique. La nature pourrait s’adapter à ce changement et l’incidence de la dengue s’aggraver. Et les populations d’Aedes Aegypti pourraient se mettre à augmenter dans les zones où les “moustiques terminators” n’auront pas été libérés.
Malgré de multiples rencontres entre les responsables d’Oxitec et les fonctionnaires de l’Autorité Nationale de l’Environnement, le gouvernement panaméen n’a pas encore donné son feu vert.
Une maladie en recrudescence
Selon l’OMS, la dengue touche entre 50 et 100 millions de personnes chaque année et entraîne la mort de 22 000 d’entre elles. La quasi-totalité des pays d’Amérique latine sont concernés, et la transmission de la maladie a considérablement augmenté au cours des dernières années en Argentine, en Bolivie, au Costa Rica et au Paraguay.
Pourtant, l'urgence est plus aux politiques sociales et sanitaires qu'aux expériences hasardeuses et hors de prix utilisant des insectes modifiés génétiquement. Pour beaucoup d'associations, il faut avant tout améliorer les conditions de vie des populations touchées.