Les lémuriens malgaches sont encore et toujours menacés de disparition, et ce en dépit des nombreux avertissements lancés par les primatologues, qui estiment à une vingtaine d’années le temps de leur extinction. Parmi les 25 primates classés en danger par le 25e congrès de la société internationale des primatologues (IPS) qui a eu lieu du 11 au 17 août à Hanoi figurent 5 espèces de lémuriens de l’île. Pour le moment, les initiatives engagées semblent bien faibles pour enrayer le phénomène.
3 espèces malgaches viennent tout juste d’intégrer la liste : l’hapalémur d’alaotrensis, vivant dans les roselières autour du lac Alaotra, le propithecus perrieri, dans les forêts sèches au nord de la Grande île et le cheirogaleus de lavasoensi, observé au sud de Madagascar et tout nouvellement inscrit sur la liste. 2 autres espèces, le Varecia rubra et le lépilémur septentrionalis, sont toujours fortement menacées.
L’habitat de la première est rendu précaire par l’exploitation illégale de rondins de bois de rose depuis 2009 et est aussi est victime de la chasse, les coupeurs de bois se nourrissant de cet animal au moment de leur bivouac. La seconde, localisée dans l’extrême nord du pays, se réduit à peau de chagrin. Il ne resterait qu’une soixantaine d’individus.
« Cette liste devrait être encore rallongée avec plus de 80 % des espèces de lémuriens classées, menacées d’extinction dans la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Mais la Grande île n’a droit qu’à cinq espèces à inscrire » , alerte le primatologue Jonah Ratsimbazafy.
Selon les experts, la disparition des lémuriens devrait être l’affaire d’une vingtaine d’années, guère plus. Si rien n’est fait pour réduire la pauvreté et améliorer les conditions de vie de l’ile, les hommes continueront à détruire les forêts dans lesquelles vivent ces primates. 200 000 hectares sont détruits chaque année. De cette exploitation destructrice ne subsiste pour le moment que 10 % à 13 % de la forêt malgache.
Plusieurs initiatives ont été lancées afin d’enrayer le phénomène. Benjamin Andriamihaja, représentant à Madagascar d’ICTE (Institut pour la Conservation des Environnements Tropicaux, à l’attention de « faire des recherches de financement ailleurs avec des fondations privées » pour lutter contre la déforestation. Des projets communautaires visant à promouvoir l’écotourisme et l’agriculture intensive ont également vu le jour.
La crise politique que traverse le pays depuis le renversement du président Marc Ravalomanana par son adversaire Andry Rajoelina n’aide pas à la prise en charge du problème.