Marée noire à Dalian, barils de produits chimiques emportés par un fleuve dans la province de Jilin, 13 morts dans l’explosion d’une usine pétrochimique à Nankin… En une semaine, les accidents …
Les dessous d’une série inquiétante d’accidents dans les installations pétrochimiques
Marée noire à Dalian, barils de produits chimiques emportés par un fleuve dans la province de Jilin, 13 morts dans l’explosion d’une usine pétrochimique à Nankin… En une semaine, les accidents concernant les installations pétrochimiques chinoises se sont multipliés. Malheureusement, ce n’est pas une surprise pour tous.
Aujourd’hui, la Chine est entrée dans une période où la fréquence des accidents environnementaux va dramatiquement augmenter. Suite au développement régulier et rapide de notre économie, pendant une période relativement longue, les risques structurels dus à la disposition de nos installations vont remplacer les risques ponctuels d’accidents.
Ces paroles de de Pan Yue, vice ministre de l’environnement chinois, datent de 2006. Pourtant, elles n’ont jamais semblées plus actuelles.
Début juillet dans le Fujian, le rejet par une mine de cuivre du groupe Zijin d’eaux usées dans un fleuve menait à une extinction massive de la faune et de la flore de la région. La semaine dernière, un incident dans un centre de stockage de produits pétroliers à Dalian donnait lieu à une marée noire, pas encore résorbée aujourd’hui. Le 29 juillet, on apprenait que 7 000 barils de produits chimiques avaient été emportés par le fleuve Songhuajiang, dans la province du Jilin. A cela s’ajoute une explosion dans une raffinerie à Huizhou (Guangdong) qui n’aurait pas occasionné de pollution. Enfin, le 28 juillet, une explosion dans une usine chimique en cours de démantèlement à Nankin a fait 13 morts.
Cinq accidents en un mois, ça commence à faire beaucoup !
Ma Jun est le responsable de l’Institut des affaires publiques et environnementales. Il ne décolère pas. A propos de l’accident dans le Jilin, il explique ainsi que
ce qui peut paraître du aux inondations est en fait la conséquence d’un manque de responsabilité déplorable .
Xinyaqiang et Zhongxin, les deux entreprises dont les locaux ont été envahis par les flots, emportant 7 000 tonneaux de produits chimiques, sont connues pour leur manque de conscience environnementale. En 2006, Xinyaqiang a été arrêtée suite à des irrégularités constatées dans l’obtention de ses autorisations. Une petite amende après, elle a recommencé, pour être en 2009 victime d’un incendie de produits polluants.
Manque de volonté, mais aussi de moyens.
Dans le sud du pays, certaines municipalités ont plusieurs milliers d’usines chimiques. Dans les services de contrôle de l’environnement de ces villes, il y a une dizaine de fonctionnaires, quelques dizaines dans le meilleur des cas. Comment voulez-vous qu’ils contrôlent tout le monde ?
Ma Jun estime que contrairement à certains pays étrangers, la Chine a oublié de confier un rôle à sa population dans la maîtrise des risques industriels.
On doit absolument impliquer le public, et ne pas se reposer entièrement sur l’administration. Les audits de sécurité sont faits par des sociétés privées, avec les risques déontologiques que cela comporte. Ce n’est pas pareil à l’étranger, où toutes les parties impliquées dans un projet industriel dangereux sont écoutées (…) Et ce qui m’inquiète le plus, c’est que nous continuons d’accumuler les risques. On est en train de fabriquer une énorme bombe à retardement.
En effet, malgré certains indicateurs inquiétants, les projets continuent, sans aucun souci quant à la capacité de l’environnement à absorber la pollution due à ces projets. Une enquête du ministère de l’environnement publiée au début de l’année révélait ainsi que la Demande Chimique en Oxygène des cours d’eau chinois avait atteint 30,3 millions de tonnes (voir l'article). Et selon les spécialistes, la limite supportable par l’environnement s’élèverait à … 7,4 millions de tonnes. Preuve que les projets industriels, et notamment les projets dangereux, devraient être étudiés avec plus de précaution par les autorités chargées de les autoriser…