Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme et exigent un calcul de l’empreinte hydrique de certaines cultures destinées à l’exportation, trop gourmandes en eau …
Les cultures du désert mettent en péril les ressources en eau
Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme et exigent un calcul de l’empreinte hydrique de certaines cultures destinées à l’exportation, trop gourmandes en eau. Des nappes phréatiques majeures sont menacées, alors qu’une partie de la population péruvienne se trouve en situation de stress hydrique.
Dopées par la culture d’asperges, qui emploie aujourd’hui plus de 120 000 personnes, les exportations agricoles péruviennes ont atteint en 2010 la valeur record de trois milliards de dollars, soit 30% de mieux qu’en 2009. Mais cette croissance ininterrompue n’est pas sans conséquence sur les ressources hydriques du pays, notamment dans les zones désertiques.
David Bayer, de l’ONG Institut de Promotion pour la Gestion de l’Eau (Iproga), signale que chaque hectare d’asperges nécessite 22 000 mètres cubes d’eau, sept fois plus que la variété de raisin Quebranta, traditionnellement cultivée dans le département d’Ica.
Les scientifiques réclament à l’état une réglementation prenant en considération l’empreinte hydrique des espèces cultivées et considèrent comme une aberration la production d’asperges en zone aride, alors que près de 70% des Péruviens vivent sur la côte Pacifique et souffrent souvent de problèmes d’accès à l’eau potable.
L’aquifère d’Ica constitue l’une des réserves souterraines d’eau douce les plus importantes de la côte péruvienne et s’assèche inexorablement. La surexploitation agricole n’est pas seule en cause : la fonte des neiges éternelles de Huancavelica et la diminution des précipitations sont d’autres facteurs aggravants. David Bayer estime que si rien n’est fait, l’aquifère pourrait avoir disparu en 2013. Les habitants d’Ica ne disposent pourtant que de 2 000 mètres cubes d’eau par personne et par an, et sont déjà considérés en situation de stress hydrique.
Pour remédier à cette situation, David Bayer propose de diviser par deux les surfaces cultivées, afin que les réserves d’eau douce puissent se reconstituer peu à peu. Il met aussi en garde contre les projets de production de bioéthanol à partir de canne à sucre, une plante qui nécessite d’importantes quantités d’eau douce.
De leur côté, les producteurs agricoles dénoncent une mauvaise gestion des ressources hydriques et militent plutôt en faveur d’une amélioration des systèmes d’irrigation.
Dans ce contexte, les spécialistes estiment que le gouvernement devra nécessairement appeler à une concertation réunissant l’ensemble des acteurs impliqués dans la gestion des ressources hydriques s’il espère résoudre cette crise.