Sur l’Altiplano, quelques rayons de soleil et une parabole d’aluminium suffisent à cuire les aliments. Lors du carnaval, le procédé est mis à profit par les vendeurs ambulants pour cuisiner les plats typiques de la région, à base de quinoa, de chevreau et de maïs.
Les cuiseurs solaires, stars du carnaval andin
Sur l’Altiplano, quelques rayons de soleil et une parabole d’aluminium suffisent à cuire les aliments. Lors du carnaval, le procédé est mis à profit par les vendeurs ambulants pour cuisiner les plats typiques de la région, à base de quinoa, de chevreau et de maïs.
12 minutes pour faire bouillir un litre d’eau
Dans la vallée d’Humahuaca, au cœur des hauts-plateaux argentins, les fêtes s’enchaînent en continu tout au long du mois de février, mêlant folklore local et traditions héritées des colons espagnols.
Le Carnaval de la Puna est aussi l’occasion pour la fondation EcoAndina de faire découvrir au public les bienfaits de la cuisine solaire, grâce à des stands ambulants un peu particuliers. Vendus à prix subventionné aux femmes qui en font la demande, les kiosques solaires sont pourvus d’un toit et de deux roues afin de pouvoir être tractés manuellement. À l’arrière, une parabole d’aluminium pliable de 1,20 mètre de diamètre sert à cuire les aliments.
Les récipients sont maintenus au centre de l’appareil grâce à des supports, et le cuiseur est ensuite orienté de manière à maximiser le rayonnement reçu.
Les vendeuses profitent généralement du soleil du matin pour préparer leurs plats. Le cuiseur permet alors de porter un litre d’eau à ébullition en seulement 12 minutes.
« Les gens sont incrédules et restent bouche bée quand ils le voient fonctionner », affirme Marta Rojas, l’une des marchandes ayant investi dans un kiosque solaire. « Ils ont besoin de toucher la parabole pour y croire, et du coup ils se brûlent ! »
Manger sain grâce à l’énergie du soleil
L’ensoleillement de la région rend le système redoutablement efficace. La Puna (l’Altiplano argentin) compte en effet parmi les zones de la planète où le rayonnement solaire est le plus important, avec les plateaux du Tibet et de l’Afghanistan.
Néanmoins, les stands sont également équipés d'une petite bouteille de gaz de deux kilos, utile en cas de temps nuageux ou au cours de la nuit.
Ecoandina, qui bénéficie du soutien technique et financier de l’ambassade d’Allemagne, n’en est pas à son coup d’essai. La fondation a déjà distribué plus de 900 équipements solaires dans la région, tels que chauffages, cuiseurs domestiques et communautaires, ou encore chauffe-eau solaires.
La créatrice des kiosques solaires, Virginia Bauso, tente par la même occasion de promouvoir une alimentation de qualité :
« Nous voulons qu’ils offrent une alternative saine et ne tombent pas entre les mains de n’importe quel commerçant qui s’en servirait pour vendre des saucisses et des frites. Nous cuisinons par exemple des ragoûts de légumes et de quinoa, des tacos de maïs aux oignons et d’autres plats de ce type. »
Le solaire passe dans les mœurs
Pour les boissons, les kiosques proposent des infusions de feuilles de coca à boire froides ou chaudes, agrémentées de citron, de cannelle et de sucre. Le breuvage aide à combattre le mal des montagnes, dans une région où l’altitude varie entre 2700 et 4600 mètres.
Grâce au carnaval de la Puna, les cuiseurs solaires connaissent une popularité croissante.
« De nombreux habitants de provinces éloignées s’intéressent à cette technologie car le gaz naturel n’arrive pas jusque dans les campagnes. Le gaz en bouteille est cher, le bois se fait de rare, et son utilisation conduit à des problèmes de désertification », signale Virginia Bauso.
Dans la vallée d’Humahuaca, les gens se sont habitués aux technologies solaires et veulent transmettre ce nouveau savoir à leur descendance.
« Nous vendons des cuiseurs comme cadeaux de mariage de parents pour leurs enfants », s’enthousiasme la créatrice.