Galvanisés par leur récente victoire contre GDF-Suez, qui s’apprêtait à construire une centrale thermique près d’une zone touristique, les opposants à ce type de production d’électricité sont …
Les Chiliens disent NON aux nouvelles centrales au charbon
Galvanisés par leur récente victoire contre GDF-Suez, qui s’apprêtait à construire une centrale thermique près d’une zone touristique, les opposants à ce type de production d’électricité sont bien décidés à ne plus permettre l’implantation de projets similaires dans le reste du pays. Les populations concernées dénoncent les rejets polluants des centrales et réclament un engagement plus important en faveur des énergies renouvelables non conventionnelles (ENRC).
Malgré sa proximité avec la Réserve nationale des manchots de Humboldt, un refuge naturel abritant de nombreuses espèces de mammifères marins, la construction d’une centrale au charbon d’une capacité de 540 MégaWatts a été autorisée mercredi 25 août, dans la région de Coquimbo. Mais le lendemain, coup de théâtre : les protestations populaires et l’écho que celles-ci ont rencontré auprès d’une partie de la classe politique ont contraint le nouveau président Sebastián Piñera à annoncer la relocalisation de la centrale. Ce changement n’était pas du goût de GDF-Suez, l’entreprise en charge du projet, qui a opté pour son annulation totale.
Partout dans le pays, cette décision a redonné de l’espoir aux nombreux mouvements citoyens opposés à la construction de nouvelles centrales au charbon. Dans la région septentrionale de Tarapacá, le Comité de défense de la terre-mère s’oppose depuis deux ans à la construction de deux centrales, l’une chilienne, l’autre espagnole, et a organisé, jeudi 26 août, une rencontre réunissant tous les mouvements nationaux opposés aux centrales thermiques de ce type. Parmi les projets mis en cause, deux sont prévus dans la région d’Atacama (Castilla et Punta Alcalde), un dans la ville d’Arica, et un autre sur la commune de Coronel, dans le sud du pays. Par ailleurs, une dizaine de centrales sont déjà en construction ou sur le point de commencer les travaux dans le reste du Chili.
Cet accroissement de la production électrique est destiné à couvrir les besoins de l’industrie, en particulier ceux du secteur minier, qui connait un développement très important dans le nord du pays. Le président a tenté de tranquilliser les écologistes en annonçant qu’aucun projet ne serait autorisé à proximité des zones protégées, mais les militants restent sur le pied de guerre. L’enjeu est de taille : si la totalité des projets étaient approuvés, la part du charbon dans la production électrique passerait de 17 à 30 %. À l’heure actuelle, le Chili dispose d’une capacité totale installée de 13 000 MégaWatts, dont 31,8 % sont d’origine hydroélectrique.
Luis Cifuentes, chercheur en environnement, rappelle que les centrales au charbon dégagent d’importantes quantités de gaz à effet de serre, ainsi que des polluants qui affectent la population et la faune au niveau local. Toutefois, si leur implantation dans des zones où leur impact serait minimal n’est pas retenue, il estime que le gouvernement devra se tourner vers des méga-projets hydroélectriques ou des centrales nucléaires, auxquels s’opposent également les écologistes. Ces derniers préconisent l’augmentation de la part des énergies renouvelables non conventionnelles (ERNC) dans la production d’électricité.
Au Chili, sont considérées non conventionnelles les sources suivantes : éolien, hydroélectrique jusqu’à 20 MW, biomasse, biogaz, géothermie, solaire et hydrolien. Ces nouveaux procédés ne pourront pas couvrir les besoins actuels à court terme, mais Sebastián Piñera a toutefois proposé de faire passer leur participation de 3,4 à 20 % d’ici 2020.