A court terme, les cendres en provenance du Chili vont freiner le tourisme argentin. Pour redonner du travail à ses habitants, la municipalité de Villa la Angostura veut transformer les résidus volcaniques en briques.
Les cendres du volcan Puyehue serviront à fabriquer des briques
Coup dur pour le tourisme à Villa la Angostura, où les cendres en provenance du Chili ont fait perdre tout espoir de voir arriver les touristes au cours de l'hiver austral. Pour nettoyer la ville et redonner du travail aux habitants laissés sur le carreau par l’éruption, la municipalité envisage de transformer les résidus volcaniques en briques.
Hormis quelques curieux attirés par le paysage apocalyptique que l'on peut désormais observer dans la région des lacs argentins, il n'y a pas foule à Villa la Angostura, une petite ville de 14 000 habitants du nord de la Patagonie où le tourisme représente d’ordinaire la principale activité.
Située à seulement 40 km à vol d'oiseau du volcan chilien Puyehue, entré en éruption le 4 juin dernier, cette localité andine a vu tomber une pluie ininterrompue de fines particules qui a tout recouvert, donnant aux environs un aspect lunaire irréel.
Les champs, les forêts et même les lacs ont pris une teinte grise uniforme, et les spécialistes estiment que la commune de Villa la Angostura a reçu environ 4,5 millions de mètres cubes de cendres au cours du dernier mois.
Que faire de ces encombrants matériaux ?
La réponse, les habitants de Villa la Angostura pensent l'avoir trouvée. Deux coopératives pourraient bientôt voir le jour et fabriquer des briques dans le cadre d'un projet-pilote mis en place par le ministère du développement social de la province de Neuquén. L'explication du secrétaire aux travaux publics de la ville, Gabriel Fachado :
La première brique a été élaborée en mélangeant des cendres volcaniques à du ciment dans un moule de bois.
Avant que ces blocs ne puissent être utilisés pour construire des maisons ou paver des chemins, ils devront néanmoins passer au banc d'essai afin d'éprouver leur résistance mécanique. La tâche sera menée à bien par l'Institut national de technologie industrielle argentin (INTI), qui devrait donner son verdict rapidement.
En cas de feu vert, la fabrication de briques pourrait offrir une activité rémunérée aux milliers d'habitants que l'absence de touristes prive de revenus. La ville de Bariloche, principale destination touristique hivernale d'Argentine située à moins de 100 km au sud de Villa la Angostura, compte elle aussi utiliser les cendres pour le secteur du bâtiment.
Non toxiques, ces résidus volcaniques devraient - si non exploités - s'intégrer peu à peu aux sols cultivables et en améliorer la qualité, au cours d'un processus naturel qui prendra entre trois et cinq ans.