Cette année, les récoltes ne produiront pas les céréales dont le monde a besoin. Les prix augmentent, les mal-nourris sont de plus en plus nombreux et …
Les biocarburants, responsables de la crise alimentaire mondiale?
Cette année, les récoltes ne produiront pas les céréales dont le monde a besoin. Les prix augmentent, les mal-nourris sont de plus en plus nombreux et les biocarburants semblent être l’un des facteurs principaux. Explications…
En 2008, presque toutes les évaluations de la crise alimentaire mondiale dénonçaient le rôle significatif des biocarburants, mais les médias préféraient parler d’une 'tempête parfaite' de causes. Trois ans plus tard, la tempête est de retour et force à la réflexion.
Depuis 2004, pour chaque tonne de céréales requise pour nourrir le monde, il est en général exigé la production d’une tonne d’éthanol issue des céréales, doublant le défi de la production alimentaire mondiale. Pour le moment, le secteur agricole relève le défi mais seulement avec l’aide du beau temps. En 2008, des récoltes satisfaisantes avaient mis fin à la crise en cours, mais les années moins favorables affectent les agriculteurs, entre hausse des coûts des carburants et baisse du dollar.
Actuellement, on s’inquiète essentiellement des besoins grandissants en nourriture dans le monde, entre sécheresses et inondations qui se multiplient. Mais on oublie trop souvent que, s’il est difficile de produire toute la nourriture nécessaire, il sera encore plus dur de fournir à la fois de quoi manger et créer des biocarburants.
La confusion sur l’importance des biocarburants vient des différents angles sous lesquels on aborde le problème : si on choisit par exemple d’observer les États-Unis, aucun souci, le coût des céréales, même triplé, est dérisoire, mais dans les pays les plus pauvres, la moitié des salaires passent dans l’achat d’aliments de base comme le maïs.
En revanche, c’est presque impossible de tenter de séparer le rôle des biocarburants de celui de la météo ou autres puisque toutes ces causes sont entremêlées et y remédier est assez complexe. Un des moyens de faire face est de bloquer l’export, réaction égoïste mais compréhensible en période de crise.
Enfin, pour augmenter la confusion, les modèles économiques montrent souvent le coût des biocarburants tel qu’il sera dans une situation d’équilibre pas encore atteinte, où les producteurs auraient réussi à répondre à la demande. Mais la consommation de céréales par les biocarburants a presque quadruplé en 7 ans et les nouvelles exigences gouvernementales cherchent à tripler les chiffres actuels d’ici 2020, promettant une nouvelle hausse des prix.
Tout n’est cependant pas encore perdu : limiter la croissance de la consommation de biocarburants et concentrer les recherches sur les biocarburants qui ne sont pas en compétition avec les ressources alimentaires, par exemple à base de déchets, devraient suffire pour réduire le prix de la nourriture. La décision est entre les mains du Congrès.