Connaissez-vous le terme Tiers-lieu ? Personnellement nous étions tombés dans le panneau (ou la facilité) de répondre : c’est un lieu de coworking où des personnes de tout horizon ont la chance de trouver un coin de bureau, pour une heure, une après-midi ou bien plus. Tout le confort y est apporté, en passant par le plus logique : table, chaise, mais aussi un accès wifi, et un coin cuisine alimenté en café et autres boissons. Figurez-vous que la quinzaine des tiers lieux qui a eu lieu à St-Etienne nous en a appris bien plus.
Vous êtes prêts ? On vous emmène !
Bien entendu nous sommes en mode collaboratif, donc oubliez la voiture individuelle, le voyage se fait à plusieurs (le train est un peu onéreux) avec des places déposées sur covoiturage-libre. Pour le logement, pareil, les Stéphanois sont au top ! Et nous arrivons à tous nous loger chez l’habitant, le couchsurfing est démocratisé et nos organisateurs ont bien motivé tous leurs réseaux. Ça démarre plutôt fort !
Nous nous rendons au mixeur, le lieu est déjà rempli de monde venant des quatre coins de l’hexagone et même de Suisse ou de Côte d’Ivoire, l’énergie est déjà palpable, on fait un petit tour du propriétaire et cette première approche valide notre avis de l’espace de coworking tel que nous le définissons. Première discussion, première rencontre et une journée qui déjà s’achève, premier tour de chauffe, demain on attaque le vif du sujet.
Rendez-vous donné à l’auditorium de la cité du design.
Une matinée causerie, cinq thèmes seront abordés dont le coworking, l’innovation sociale, le numérique, l’économie, l’enseignement, plusieurs intervenants défileront donnant leur vision d’un présent et aussi d’un futur…
Cette matinée se finira sur le visionnage d’une vidéo représentant un avenir rempli de cyborgs et une vraie question : Quel monde créons-nous ? Nous retenons que la collaboration même avec des robots semble inévitable, mais surtout primordial. La création doit surtout être faite avec pour but d’un usage bien pensé. L’exemple donné du Japon nous marquera particulièrement. Comment un pays à la pointe de la technologie robotique n’a pas songé à faire des cyborgs qui auraient pu les aider lors de la catastrophe de Fukushima et qui lors de cette crise ont fait appel à des outils américains. Le bien pensé semble une évidence pour notre futur et nous sommes acteurs de cette innovation.
L’heure sonne pour le make your food (fabrique ta nourriture), et là nous commençons à palper la création d’un tiers-lieux, nous sommes de retour au Mixeur qui pour l’occasion se transforme en grande cuisine avec divers ateliers : fabrication de rouleaux de printemps, élaboration d’une galette tex-mex ou encore de petits chaussons aux pommes. L’énergie est toujours bien présente et nous débordons largement du planning, les organisateurs laissant les discussions et les rencontres se dérouler, captant l’intérêt qu’elles font parties de l’événement.
Mais il est tout de même l’heure d’attaquer les barcamps et de participer à l’ébauche de code source, bon là je sens que je vous ai perdu… Pas de réunionite aiguë dans un monde collaboratif, ici le participatif est le maître mot, le moteur est l’envie de participer à l’ébauche d’un mode d’emploi qui pourrait être duplicable, utilisable et modifiable par tous une recette de cuisine en somme, sauf que là nous parlons de thématique comme « animation, événement, produit, service, territoire ».
La journée se termine sur ces compte-rendus et nous nous retrouvons de nouveau au mixeur en mode coworking-make your food, ce soir c’est « fais ta pizza » ! De petits pâtons nous attendent et divers ingrédients, le four chauffe et on est tous déjà bien motivés pour engloutir les pizzas croustillantes.
Deuxième journée
Autre endroit, aujourd’hui découverte du Fil de St-Etienne, cette salle en mode associatif reçoit des concerts, des spectacles et nous permettra toute la matinée de découvrir les Tiers-lieux de St-Etienne et la présentation de réussites partout sur l’hexagone. Coup de cœur particulier pour La Miete de Lyon et La Coroutine de Lille.
Retour au mixeur pour notre make your food, nous devenons tous accros à ce principe de réalisation.
Après-midi créative avec de nouveau la possibilité de participer à l’aide d’un projet, la thématique sera cette fois-ci sur le nerf de la guerre : le modèle économique. Sans lui ce n’est même pas la peine de se lancer dans une quelconque initiative. Les tables s’animent de plusieurs participants, nous suivrons le sujet de l’économie collaborative en milieu rural, il est évident que Tipkin nous permet d’avoir un avis bien tranché sur la question. La soirée se terminera dans les rues de St-Etienne et les échanges se poursuivront avec un bon groupe de discussion.
Le meilleur moyen de comprendre les Tiers Lieux, c’est d’en pratiquer
Lendemain et dernier jour pour nous, découverte des Tiers-lieux de St-Etienne, en mode CoWoSlowTourism nous faisons la tournée des lieux de rencontre en commençant par le comptoir numérique. Comme son nom l’indique, la dominance est numérique mais les diverses pièces permettent de varier les modes de travail et ainsi de réellement répondre au coworking dans un tiers-lieu. Ici vous pourrez être entourés pour votre projet, ou vous isoler lorsque vous en ressentirez le besoin ou encore faire de nouvelles rencontres en papotant à la cuisine. Des imprimantes 3D et des Jerry sont présents dans ce lieu, des brochures de l’amap local sont aussi de la partie, nous commençons vraiment à palper ce qu’est un tiers-Lieu.
Direction la Cartonnerie qui est le laboratoire urbain Stéphanois, ce lieu est propice aux rencontres, entre boulistes, enfants jardiniers, de grands bikers ou encore des graffeurs, tout ce petit monde se croise sur les 2000 m2 de la place. Nous traversons la rue pour découvrir l’association Carton plein, lieu de récup et transformation, sur 3 niveaux les espaces sont utilisés pour de la création, de la réflexion et aussi des logements. Action citoyenne pour un développement collectif, pourrait être leur devise.
S’en suit l’heure du repas et notre arrivée au Réfectoire, là nous tombons sous le charme de cette espace, une lignée de table nous attend ainsi que des assiettes remplies de crudités, ce lieu ouvert à tous permet de manger pour pas grand chose et nous autorise même à venir avec nos plats à réchauffer et profiter de l’espace commun. Le Colunching en mode blabla, voilà le but recherché, faire se rencontrer les gens autour d’un repas simple ou d’une part de gâteau (succulent); un espace de coworking adjacent à la salle est réservé à des projets associatifs, l’après-midi des ateliers de cuisine se déroulent dans le réfectoire qui se transforme alors en lieu de connaissance et d’apprentissage. Voilà comment plusieurs associations ont réussi à mutualiser l’emplacement en valorisant différentes thématiques.
Ce quartier ne s’arrête pas là, un garage à vélo, un local d’architecte et une boutique de créatrices de mode ponctuent la rue.
Notre dernier lieu sera le Remue-Méninges, un café lecture associatif, ici se trouve des livres, des CD et DVD mis à disposition pour les emporter, et de multiples espaces canapés propices à la lecture. Différentes animations sont proposées tout au long de l’année ainsi une programmation très riche (ateliers d’écriture, apéro contes, café signes, revue de presse, café impro, scène ouverte musicale, initiation au tango argentin) sont accessibles.
Les nouveaux lieux de pratiques numériques
Il est temps pour nous de rentrer, difficile de résumer de telles rencontres, riches en échanges, riches en partages, les diverses communautés se sont côtoyées, elles ont synchronisé leurs idées, leurs connaissances. Nous en repartons avec des solutions, des envies, de créer, de repérer la coquille vide, ce fameux tiers-lieu qui se remplira des actions menées par ses usagers, qui grâce à l’énergie des personnes aura lui aussi un ADN propre. Le même code source que tous ceux que nous avons rencontré à St-Etienne mais avec sa propre identité, car chacune de nos rencontres nous ont montré (prouvé) que la diversité était l’essence et le partage le moteur de ces tiers-lieux.
Et vous, connaissez-vous dans votre ville ce lieu d’intelligence collective ? Et sinon, pourquoi pas créer votre propre lieu de bien commun !