D’ici 2035, la part du nucléaire part dans la consommation mondiale pourrait passer de 6 à 11%. Et même si l’incident de Fukushima a traumatisé le monde entier, les divers gouvernements n’ont pas tous réagi de la même manière. Petit tour d’horizon…
Le secteur du nucléaire à peine ébranlé après Fukushima
Le nucléaire a toujours occupé une position marginale dans le mix énergétique global, mais n’a jamais cessé de progresser. D’ici 2035, sa part dans la consommation mondiale pourrait ainsi passer de 6 à 11%. Et même si l’incident de Fukushima a traumatisé le monde entier, les divers gouvernements n’ont pas tous réagi de la même manière. Petit tour d’horizon…
Dès le 30 mai dernier, sous la pression de l’opinion publique, le gouvernement d’Angela Merkel décidait une sortie complète du nucléaire pour 2022 au plus tard. La grande puissance qu’est l’Allemagne entraînait alors dans son sillage la Suisse et l’Italie. Les Helvètes ne remplaceront pas leurs installations actuelles, tandis que l’Italie a carrément renoncé à un retour à l’énergie nucléaire suite à un référendum à la mi-juin 2011.
La Pologne, quant à elle, hésite encore. Son Premier ministre Donald Tusk souhaite toujours construire une première centrale nucléaire de 3 gigawatts. Mais l’ex-pays communiste devrait plutôt investir dans un parc d’éoliennes de 5,5 GW en mer Baltique, selon une étude préliminaire commandée par Greenpeace et menée par l’Institut polonais pour les énergies renouvelables (IEO). Celle-ci prévoit même plus d’emplois et une électricité moins chère par rapport à l’industrie de l’atome.
L’UE choisit la voie de la prévention
Avant la crise de Fukushima, la politique énergétique japonaise prévoyait une augmentation de la part de son électricité d’origine nucléaire à plus de 50% en 2030, contre 30% en 2010. A la mi-juillet 2011, lors d'une conférence de presse, son Premier ministre Naoto Kan s’est finalement prononcé en faveur d’une sortie progressive du nucléaire au profit des énergies renouvelables, sans toutefois en préciser le calendrier :
On ne peut plus soutenir que la politique menée jusqu’à présent garantisse la sécurité de l’exploitation de l’énergie nucléaire. Nous devons concevoir une société qui puisse s’en passer.
Même une nation aussi développée que le Japon n’a rien su faire face à un tel évènement. Au moment du drame, Terra Nova, think tank de la gauche progressiste française, portait les touches finales à son rapport Maîtriser l'énergie - un projet énergétique pour une société responsable et innovante. Un rapport dévoilé le 13 juillet dernier, après deux ans de travail, par son responsable Alain Grandjean, qui préconisait alors :
Avant tout nouveau projet de centrale nucléaire, une stabilité économique et politique est nécessaire, ainsi qu’une vraie étude de faisabilité et de risques.
A ce jour, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie et le Japon sont cependant les seuls pays à avoir réellement cédé à la pression populaire et aux écologistes. Pour marquer le coup mais sans être très courageuse, l’Union Européenne a tout juste décidé de l’enfouissement des déchets nucléaires de ses 143 réacteurs dans des bunkers sécurisés.
Le Royaume-Uni préfère la raison économique
Les autres pays possédant des réacteurs - 440 réacteurs répartis dans 30 pays - n’ont quant à eux quasiment rien changé par rapport à leur politique énergétique atomique. Les députés britanniques ont même majoritairement choisi de relancer leur programme nucléaire, arguant de leur volonté de souveraineté énergétique. Au minimum deux nouvelles centrales devraient ainsi prochainement voir le jour dans le sud et dans l'est de l’Angleterre.
Pourquoi ne pas continuer avec le nucléaire effectivement? Alain Grandjean et son groupe de travail Terra Nova le perçoivent plutôt comme une énergie de transition vers une économie mondiale décarbonée :
Sortir du nucléaire aujourd’hui ne serait pas possible : comment combler les manques en cas d’arrêts brutaux des centrales, et donc comment expliquer aux consommateurs d’éventuels black-outs électriques?
L’industrie de l’atome n’est donc pas prête à régresser, d’autant plus après la découverte d’une très grosse mine d’uranium dans le sud-est de l’Inde à la mi-juillet. Le ministre local de l’énergie Sushilkumar Shinde s’en félicite lors d'une conférence de presse le 19 juillet dernier :
Il est confirmé que la mine contient 49.000 tonnes de minerai et il y a des indications selon lesquelles la quantité totale pourrait être trois fois supérieure. Si tel était le cas, ce serait la plus grande mine d’uranium du monde.
De quoi conforter le sous-continent asiatique dans sa volonté de porter la part de son énergie nucléaire de 3% à 25% d’ici 2050, avec un marché estimé à plus de 120 milliards d’euros. Comme souvent, le business finit par avoir raison de la politique…