Les récents accords commerciaux passés entre la Chine et le gouvernement argentin devraient déboucher sur la construction de deux nouvelles centrales atomiques. La technologie utilisée nécessitera de l’uranium enrichi et implique la réactivation des mines nationales, malgré la contamination qu’elles provoquent.
Le retour en force du nucléaire
Les récents accords commerciaux passés entre la Chine et le gouvernement argentin devraient déboucher sur la construction de deux nouvelles centrales atomiques. La technologie utilisée nécessitera de l’uranium enrichi et implique la réactivation des mines nationales, malgré la contamination qu’elles provoquent.
Une technologie coûteuse et obsolète
Alors que de nombreux pays envisagent l’abandon du nucléaire suite à la catastrophe japonaise, l’Argentine poursuit au contraire l’expansion de son programme d’énergie atomique.
Grâce à une coopération technologique avec la Chine, deux nouvelles centrales devraient voir le jour à l’horizon 2025.
Pour le groupe éco-politique Los Verdes, cette décision compromet sérieusement le développement d’un modèle énergétique durable basé sur les énergies renouvelables. Juan Carlos Villalonga, président de Los Verdes et ancien directeur de campagne de Greenpeace Argentine, dénonce une technologie extrêmement coûteuse, qu’il juge obsolète et dangereuse :
« Un débat sur le nucléaire devient urgent, à l’heure où le gouvernement national consacre un budget colossal à la réactivation de ce secteur. Celle-ci implique la finalisation de la centrale atomique Atucha II, à un prix exorbitant ; un investissement destiné à l’allongement de la durée de vie de la centrale d’Embalse, qui aurait dû cesser son activité l’année prochaine ; la construction du prototype de réacteur CAREM et l’acquisition d’une nouvelle centrale nucléaire, Atucha III. Tout cela impliquera, entre autres conflits, la réactivation de l’exploitation minière d’uranium, hautement polluante. »
Un site de production d’uranium en pleine ville
L’annonce gouvernementale intervient dans un contexte particulier, alors que le site de production d’uranium Dioxitek vient de fermer ses portes. Situé dans un quartier résidentiel de la ville de Córdoba, l’usine focalisait depuis longtemps la colère des habitants de la zone, comme l’explique le militant écologiste :
« Le site de Dioxitek de la Commission Nationale de l’Énergie atomique (CNEA) a fonctionné pendant plus de 10 ans dans l’illégalité. Son déplacement a enfin été annoncé par les autorités de la ville de Córdoba, mais tous les lieux envisagés pour sa relocalisation ont manifesté leur refus de l’accueillir, et cela va certainement continuer. »
Une sortie du nucléaire envisageable
L’organisation Los Verdes estime qu’un futur énergétique sans électricité nucléaire est possible, et a déposé un projet en ce sens au parlement en novembre 2011, intitulé Objectifs nationaux de production électrique durable 2020. L’initiative propose une réduction progressive de la part du nucléaire jusqu’à son abandon total et son remplacement par des énergies renouvelables, qui pourraient représenter 25% du bouquet énergétique en 2020.
Pour Juan Carlos Villalonga, ces objectifs sont parfaitement raisonnables : « Il n’existe aucun obstacle technologique, et l’initiative n’implique aucune dépense extraordinaire. Il s’agit simplement d'en finir avec le scénario écrit par les lobbies de l’énergie fossile et nucléaire. »