Alors que l’opposition à la construction du quatrième réacteur n’en finit plus de se renforcer depuis Fukushima, le gouvernement a cherché la conciliation en proposant un référendum sur le sujet. Mais l’opposition veut changer les règles du référendum et les anti-nucléaires se font entendre.
Le référendum sur le nucléaire met l’île dans la confusion
Alors que l’opposition à la construction du quatrième réacteur n’en finit plus de se renforcer depuis Fukushima, le gouvernement a cherché la conciliation en proposant un référendum sur le sujet. Mais l’opposition veut changer les règles du référendum et les anti-nucléaires se font entendre.
Un référendum sur le nucléaire
La construction du quatrième réacteur est presque terminée, sa mise en service est prévue pour 2015. Pourtant, l’opposition n’a jamais été aussi mobilisée sur le sujet. Depuis la catastrophe de Fukushima, les esprits se focalisent sur le fait que l’île de Taiwan a un risque sismique similaire à celui de l’archipel japonais. Pas de quoi rassurer les voisins de la nouvelle centrale...
Voyant l’opposition enfler, le gouvernement de Ma Yingjiu a proposé en fin d’année dernière la tenue d’un référendum sur le sujet. Problème, toutes les initiatives du type ont avorté par le passé. Selon la loi sur les référendums, pour qu’une proposition soit adoptée, il faut que 51% des votants se prononcent pour le oui. Mais surtout, la participation doit dépasser 50% du corps électoral. Une condition qui n’a auparavant jamais été remplie lors des référendums sur le nucléaire. En dehors des opposants convaincus, le sujet ne mobilise tout simplement pas assez.
La question posée cette fois-ci sera : « souhaitez-vous que la construction du quatrième réacteur soit abandonnée ? » Le premier ministre Jiang Yihua a mis tout son poids dans la balance, en promettant qu’il démissionnerait si le oui l’emportait. Pendant ce temps-là, la bataille fait déjà rage au parlement, puisque les députés d’opposition veulent imposer la baisse du taux de participation à un quart des inscrits pour que le référendum soit valide. Un quart de la population, c’est précisément la proportion d’opposants convaincus. Pour le gouvernement, accepter ce changement, c’est presque automatiquement concéder une défaite... Le blocage politique est promis.
Une zizanie certaine
Pour couronner la zizanie, des organisations anti-nucléaires ont promis d’organiser un ‘contre référendum’ avec leurs propres règles, qu’ils estiment plus justes. Les personnalités s’engagent aussi : l’actrice Gui Lunmei, la chanteuse Ella Chen, le réalisateur Ke Yizheng, les acteurs Zheng Youjie et Huang Jianhuan ainsi que le mannequin Lin Zhilin, dont l’influence auprès des jeunes Taïwanais est certaine, se sont ainsi prononcés contre la construction du quatrième réacteur.
Le gouvernement a insisté sur le fait que les conséquences d’un abandon de ce réacteur presque terminé seraient sérieuses. Alors que le chantier avait été suspendu une première fois en 2000, il avait été repris peu de temps après. En cause : les inquiétudes sur le rationnement électrique. Marché boursier en chute et industriels mécontents avaient à l’époque fait pencher le gouvernement vers une reprise du chantier. Aujourd’hui, alors que la mise en service est toute proche, le premier ministre Jiang a déclaré que l’abandon de ce réacteur, c’était des coupures d’électricité dans les années qui viennent, et la faillite probable de l’électricien national Taiwan Power Co. De quoi faire réfléchir les hommes d’affaire. Mais pas les anti nucléaires, qui se sont encore réunis à Taipei le week-end du 2 et 3 mars dernier. Avec des slogans choc : « vous mentez, on en mourra », « oui aux ENR, stop au nucléaire ! » ...