Après 36 heures de prolongations, les 190 pays représentés à Durban ont réussi à s’accorder sur Kyoto et le fonds vert pour le climat. La Chine n’ayant fait que des concessions mineures pour obtenir tout ce qu’elle voulait, l’accord est donc présenté localement comme un grand succès.
Le pays se réjouit de l’accord trouvé à Durban
Après 36 heures de prolongations, les 190 pays représentés à Durban ont réussi à s’accorder pour prolonger le protocole de Kyoto, mettre en place le fonds vert pour le climat et préparer un accord contraignant pour tous en 2020. La Chine n’ayant fait que des concessions mineures pour obtenir tout ce qu’elle voulait, l’accord est donc présenté localement comme un grand succès.
En 24 heures, l’attitude de Xie Zhenhua a changé du tout au tout. Le grand ponte chinois des négociations sur le changement climatique avait le samedi 10 décembre fait des déclarations tonitruantes:
Si vous voulez vraiment avancer, il va falloir remplir vos promesses, prendre des mesures réelles afin de remplir les objectifs de limitation de l’augmentation des températures. Le monde ne regarde pas ce que vous dites, mais ce que vous faites (…) Jusqu’à maintenant, certains pays ont fait des promesses qu’ils n’ont jamais tenues. Vous aviez dit, nous allons diminuer nos émissions de GES : ont-elles diminué ? Vous aviez dit, nous allons donner des fonds aux pays en voie de développement pour qu’ils s’adaptent au changement climatique : où sont ces fonds ? Ça fait 20 ans que vous parlez, et jusqu’à aujourd’hui, on n’a rien vu. Quant à nous, nous sommes un pays en voie de développement, nous devons sortir des millions de personnes de la pauvreté, nos engagements nous les avons tenus. Nous n’avons aucune leçon à recevoir de ceux qui ne tiennent jamais leurs promesses.
Le lendemain, le ton était beaucoup plus décontracté. C’est qu’entre temps, presque toutes les exigences chinoises avaient été incluses dans l’accord final, signé après un marathon dont les personnes présentes se souviendront. A la presse chinoise, Xie Zhenhua a ainsi déclaré :
Nous sommes très heureux. Le protocole de Kyoto va se prolonger après 2012, les pays en annexe 1 du protocole vont s’engager à des réductions de GES. Le fonds vert pour le climat va voir le jour et à partir de l’année prochaine, les pays en voie de développement vont recevoir des fonds pour lutter contre le changement climatique.
En gros, tout ce qu’exigeait le pays depuis le début a été inclus dans le texte de l’accord final. Et le mieux, c’est que pour en arriver là, la Chine n’a pas eu à faire d’énormes concessions. Elle s’est simplement engagée à discuter de la mise en place d’un cadre légal global pour diminuer les émissions de gaz à effets de serre après 2020, dont la signature devra être réalisée avant 2015. La Chine avait certes déclaré qu’elle estimait cette exigence injuste pour les pays en voie de développement. Mais beaucoup s’attendaient à ce que le pays finisse par céder sur ce point. Et le risque, c’est que ces obligations soient comprises de manières très différentes par les différentes parties prenantes. Les commentateurs chinois présentent en effet cette échéance comme une simple obligation de se remettre à la table des discussions…
Dans ces conditions, les Chinois se réjouiront certainement doublement de lire bientôt les déclarations de Nathalie Kosciusko-Morizet. Non contents d’avoir obtenu tout ce qu’ils souhaitaient au prix de concessions mineures, les délégués de Pékin se voient présentés comme les sauveurs du sommet sur le climat. L’utilisation de l’expression chinoise "yi jian shuang diao" ("abattre deux aigles d’une seule flèche) n’a jamais semblé plus adéquate…