Le coût élevé de l’énergie électrique, l’invasion de produits chinois et les impôts lourds, laissent le Brésil au second plan des projets d’investissements des multinationales. Malgré la découverte d’immenses réserves pétrolières, le pays fait face à une pénurie de combustibles.
Le pays face à ses problèmes énergétiques
Le coût élevé de l’énergie électrique, l’invasion de produits chinois et les impôts lourds, laissent le Brésil au second plan des projets d’investissements des multinationales, qui préfèrent investir dans d’autres pays, comme l’Uruguay ou le Paraguay. Malgré la découverte d’immenses réserves pétrolières, le pays fait face à une pénurie de combustibles qui détériore sérieusement la balance commerciale.
Des cieux plus cléments
Une étude menée par l’Etat montre que les usines dans les secteurs où le coût de l’énergie est un des principaux composants du prix final (comme l’aluminium, la sidérurgie, la pétrochimie, le papier et la cellulose) ferment des unités dans le pays ou migrent sous d’autres cieux à cause de la perte de compétitivité du marché brésilien.
Parmi ces entreprises, Rio Tinto Alcan est en négociations "avancées" pour installer la plus grande usine d’aluminium du monde au Paraguay, avec des investissements compris entre 3,5 et 4 milliards de US$. Braskem va inaugurer une unité de soude caustique au Mexique et prospecte d’autres pays, comme le Pérou et les Etats-Unis.
Stora Enso, qui ouvrira bientôt une usine de cellulose en Uruguay, admet que, malgré une productivité supérieure, cet avantage est annulé par le poids des impôts brésiliens.
Gerdau Usiba, du secteur de la sidérurgie, située à Bahia, a connu une longue paralysie à cause du coût de l’énergie, tout comme Valesul Alumínio, à Santa Cruz. La situation de ce secteur est d’ailleurs très critique. Novelis a fermé une usine à Aratu (Etat de Bahia) et pourrait s’implanter au Paraguay. La Compagnie Brésilienne d’Aluminium (CBA), du Groupe Votorantim, est sur le point d’ouvrir une filiale à Trinidad et Tobago.
Les défis de la concurrence
L’autre menace concerne l’invasion de produits chinois. L’importation d’aluminium chinois, a été multipliée par 5 entre 2009 et 2010, d’après Eduardo Spalding, de la Commission de l’Energie de l’Association Brésiliene de l’Aluminium (Abal).
La Chine, d’ici dix ans, va atteindre une production d’aluminium égale à celle de tout le reste du monde.
Le Brésil souffre aussi, selon lui, de ne pouvoir ajouter de la valeur à sa marchandise. A ce rythme, le pays passera d’exportateur à importateur d’aluminium dès 2012.
Au Brésil, si rien n’est fait, le secteur pourrait disparaitre. Nous avons plusieurs exemples de pays où l’industrie de l’aluminium a fermé en deux ans. Cela fait plus de 25 ans qu’aucune nouvelle usine ne s’installe au Brésil.
Pétrole: un problème brut
Le problème de l’énergie ne touche pas que l’industrie. Le bilan énergétique global du Brésil se détériore de façon inquiétante. Malgré ses nombreuses réserves de pétrole, le pays est pour le moment incapable de faire face à la demande.
Le pays doit augmenter ses importations de pétrole pour répondre aux besoins de consommation des automobilistes. La situation s’est aggravée avec la baisse de production de l’éthanol, due à la période tampon entre deux récoltes de canne à sucre.
La hausse de la flotte de véhicules conjuguée à la croissance de l’économie entraine le pays dans une pénurie de combustibles.
Ceci va provoquer un déficit de 18 milliards de US$ dans la balance des dérivés du pétrole cette année, selon la projection de RC Consultores. L’an dernier ce déficit n’était que de 13 milliards, et en 2000, à peine 3 milliards.
Même si la population ne le perçoit pas, nous vivons un étranglement du secteur des combustibles.
, avoue Adriano Pires, directeur du Centre Brésilien des Infrastructures (CBIE).
Les énergies à la traine de la croissance automobile.
Tout ceci pèse sur la balance commerciale du pays. L’excédent de 20 milliards de US$ en 2010 aurait pu être 64% supérieur sans les importations de combustibles.
Une des principales armes du gouvernement pour sortir le pays de la crise financière mondiale de 2008 fut de stimuler la vente d’automobiles au travers de primes à l’achat. Résultat : 3,5 millions d’immatriculations en 2010, plus que le double des 1,5 millions en 2000. Mais cette croissance n’a pas été accompagnée d’une hausse de la production des combustibles.
Nous n’avons pas suffisamment de raffineries pour supporter la croissance de l’économie
, révèle Favio Sivleira, directeur de RC Consultores.