Invisibles et marginalisés, les recycleurs de rue assurent un travail quotidien d’extrême importance dans les grandes métropoles brésiliennes. Ils collectent les déchets recyclables (plastiques, cartons et aluminium principalement) et les acheminent vers des unités de traitement, elles aussi souvent informelles.
Malgré l’intérêt public de leur fonction, ces travailleurs sont généralement la cible de nombreuses réclamations. Celles des riverains qui aimeraient les voir dormir ailleurs qu’au pied de leurs immeubles, celles des automobilistes qui les accusent de ralentir et de gêner la circulation. Faire le constat de cette réalité n’est pas difficile, se mobiliser pour changer les choses l’est beaucoup plus. C’est ce que propose le projet “Pimp My Carroça”, créé par le graffeur Mundano.
L’idée de “Pimp My Carroça” (carroça = charrette en portugais) s’inspire d’une émission de télé américaine aujourd’hui mondialement connue, “Pimp My Ride”, qui offre une seconde jeunesse à de vieux tacots.
Un projet de grande ampleur avant le sommet du Rio+20
Mundano et son équipe de graffeurs vont recevoir des dizaines de recycleurs de rue de São Paulo au début du mois de juin 2012, quelques jours avant l’ouverture du sommet Rio+20. Entre leurs mains, les charrettes recevront une nouvelle peinture dans un style « graffiti ». Elle sera accompagnée de messages, ainsi que de nouveaux équipements de sécurité comme des phares, des rétroviseurs, des bandes réfléchissantes, des gants et des cordes pour manipuler et charger les déchets. Ce n’est pas uniquement leurs charrettes qui seront bien soignées pendant cette journée particulière. Les recycleurs de rue seront aussi entre de bonnes mains. Ils pourront bénéficier de soins médicaux et dentaires, d’un bon repas chaud et de vêtements neufs. A la fin de la journée, une exposition des charrettes restaurées sera organisée sur la principale avenue de São Paulo, la Paulista.
Grâce à cette initiative, le graffeur Mundano espère attirer l’attention de la société et des autorités sur cette catégorie sociale si marginalisée, qui fait tant pour le développement durable de la mégalopole brésilienne. Le projet n’est financé par aucune grande entreprise et dépend des dons de particuliers. A ce jour, ils cumulent 19 000 R$ (7 600 euros), soit la moitié des fonds minimums nécessaires pour que l’événement puisse avoir lieu.
Mundano affirme:
“J’imagine l’exposition finale avec des centaines de recycleurs souriants, en bonne santé, ayant avalé un bon repas, avec des charrettes flambant neuves, sécurisées et au look sympa. Mon vrai rêve est que “Pimp My Carroça” soit une occasion de réfléchir aux innombrables tonnes de déchets recyclables que nous abandonnons quotidiennement et de faire évoluer cette indifférence de la société vis-à-vis des recycleurs."
Plus que de “tuner” les charrettes, l’initiative souhaite renforcer la dignité et l’estime de soi de cette catégorie sociale si négligée.