Si certains sont convaincus que développement économique et protection de l’environnement peuvent aller de pair, ce n’est pas le cas de Jairam Ramesh. Le très charismatique ministre de l’environnement met en garde …
Le développement économique, la plus grave des menaces pour les forêts
Si certains sont convaincus que développement économique et protection de l’environnement peuvent aller de pair, ce n’est pas le cas de Jairam Ramesh. Le très charismatique ministre de l’environnement indien a récemment mis en garde contre les effets que le développement accéléré de son pays pourrait avoir sur la conservation des forêts.
Selon lui, un choix critique attend les élites : entre un environnement sain et une croissance de 9% par an ou plus, il faut choisir. Lors d’un forum auquel il participait aux côtés du prix Nobel Elinor Ostrom, Ramesh s’est dit confiant sur la capacité de son pays à gérer ses forêts des menaces classiques.
Comme cela a été décidé dans l’acte pour les forêts de 2006, nous donnons peu à peu le contrôle de leur gestion aux organisations locales. Le gouvernement central délègue cette responsabilité progressivement. La menace de déforestation venant des villages et de l’élevage est gérable. En revanche, l’ importance toujours plus grande portée au développement économique l’est moins.
Les grands projets miniers et industriels sont en effet gourmands en terrains. Bien que Ramesh se soit fait bien des ennemis en interdisant nombre de projets d’envergure, il ne peut pas s’opposer à toutes les grosses entreprises du monde.
Ces nouveaux commentaires lui ont valu une salve de critiques acerbes. Les élites indiennes sont engagées dans une course frénétique pour atteindre des niveaux de croissance chinois. Dans une rare concession de modestie, Ramesh s’est déclaré démuni face à ceux qui l’accusent d’être un adversaire du développement. Leur argument est en effet bien rôdé : faire passer les forêts avant le développement, qui permet de sortir des millions de personnes de la pauvreté, c’est faire passer les forêts avant les pauvres… dur de répondre à une telle attaque.
Démuni d’arguments ne veut pas dire renonciateur, et Ramesh insiste sur la nécessité de prendre soin des forêts du sous-continent. Mais l’attention doit selon lui passer du quantitatif au qualitatif.
Il y a aujourd’hui 70 millions d’hectares de forêts en Inde. Cela représente environ 21% de la surface du territoire national. La théorie officielle depuis 1952 est qu’un tiers du pays devrait être recouvert par les forêts. Après 19 mois au ministère de l’environnement, je n’ai toujours pas trouvé les raisons de cette théorie (…). En conséquence, je veux déplacer le débat de la quantité de forêts à leur qualité. Car si vous étudiez un peu la question, vous verrez que 40% des 70 millions d’hectares de forêts existants sont extrêmement dégradés.
Pour en savoir plus, dnaindia.com