Dans le dernier numéro de la revue scientifique The Lancet Oncology publié le 20 mars, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l’OMS, a annoncé avoir classé comme « cancérogènes probables » trois pesticides dont... le Roundup, herbicide le plus utilisé au monde.
L’herbicide le plus utilisé au monde
Parmi les trois molécules réévaluées par le CIRC se trouvent deux insecticides très peu utilisés en Europe, le diazinon et la malathion. C’est la troisième molécule, le glyphosate, qui va le plus nous intéresser et surement beaucoup faire parler d’elle. Le glyphosate est synthétisé depuis les années 1970 par Monsanto et est notamment présent dans l’herbicide Roundup.
Le CIRC nous explique que cette substance « est utilisée dans plus de 750 produits pour l’agriculture, la foresterie, les usages urbains et domestiques ». Ce que l’on comprend c’est que le glyphosate est la pierre angulaire de la stratégie du secteur des biotechnologies. A titre d’exemple, la grande majorité des plantes génétiquement modifiées sont conçues pour pouvoir absorber cet herbicide, facilitant donc le désherbage des surfaces cultivées. On en trouve dans l’air que l’on respire, dans l’eau que l’on boit et dans la nourriture que l’on mange.
Deux ONG : France nature environnement (FNE) et Générations futures ont d’ailleurs réclamé mardi 24 mars le retrait de la vente du Roundup. Dans un communiqué, FNE réclame « l’interdiction immédiate de la vente et de l’usage de cet herbicide en zones non agricoles ». L’ONG ajoute que « en zones agricoles, la France doit agir immédiatement pour revoir la classification du glyphosate dans la réglementation européenne ».
Monsanto répond en attaquant les chercheurs
En réponse à la publication du CIRC, les industriels du secteur mènent depuis plusieurs jours une contre-attaque contre l’agence de l’OMS. Ils utilisent notamment des arguments économiques en expliquant que la réduction de l’utilisation du glyphosate entraînerait un désastre économique avec une baisse de 30% des rendements agricoles.
Monsanto a même dénoncé la procédure du CIRC. « Le CIRC a volontairement écarté des dizaines d’études scientifiques qui soutiennent que le glyphosate ne présente pas de risques pour la santé humaine » explique le groupe dans un document publié sur son site. Ces études sur lesquelles s’appuient Monsanto ont été menées sur des bactéries et effectivement les résultats indiquent l’absence de danger du glyphosate. Mais les études menées sur des animaux et des êtres humains indiquent, elles, que le glyphosate est probablement cancérogènes et ces études là sont surement plus significatives pour évaluer la dangerosité pour l’être humain.
La réaction des industriels n'a rien d'une surprise. En effet, si le caractère cancérogène du glyphosate était mondialement reconnu cela signifierait qu’ils devraient subir des pertes incommensurables. Mais les intérêts économique d’entreprises comme Monsanto ne passent-ils pas après notre santé ?