Par Bertrand Ponce
Le désamiantage est une opération complexe qui ne peut être réalisée que par des spécialistes certifiés. L’expérience, les moyens humains et matériels, la capacité d’innovation sont également des critères à intégrer pour faire le bon choix d’entreprise.
L’amiante est une fibre minérale qui a été largement utilisée comme isolant thermique, acoustique et électrique dans les logements et l’industrie. Ses propriétés de résistance au feu et aux agressions chimiques et son coût peu élevé en ont fait un matériau très populaire dans les années 1960, 1970 et 1980, durant lesquelles son usage était très répandu, en particulier dans le BTP, où il était souvent associé au ciment en tant que structurant.
Le problème, c’est que lorsque l’amiante vieillit, il se dégrade et produit des fibres très fines – 400 à 500 fois moins épaisses qu’un cheveu – qui se répandent dans l’air. Des fibres toxiques par inhalation et classées cancérigènes de catégorie 1. Elles peuvent en effet se déposer au fond des poumons et provoquer, au bout de plusieurs années (parfois 20 ou 40 ans), des maladies respiratoires graves et notamment des cancers du poumon et de la plèvre.
L’amiante est ainsi responsable chaque année de 3 000 à 4 000 maladies reconnues comme professionnelles. Du fait de ces effets néfastes sur la santé, l’utilisation de l’amiante, restreinte à partir de 1978, a été interdite en France en 1997. Depuis vingt ans, les opérations de désamiantage se succèdent et sont de plus en plus réglementées.
Désamiantage : une opération complexe et délicate
Du fait de la toxicité des matériaux éliminer, le désamiantage est une opération complexe. Il implique de suivre différentes étapes : dépoussiérage, confinement, retrait de l’amiante, contrôles multiples, élimination des déchets. « Plusieurs étapes clés, qui nécessitent minutie et vigilance », comme l’explique Ginger Deleo, l’un des grands bureaux d’études français spécialisés dans le désamiantage.
Il s’agit en effet d’abord de dépoussiérer toutes les surfaces du chantier et de protéger ou de déplacer les éléments qui pourraient être exposés. De plus, la zone à traiter doit être confinée et rendue totalement étanche afin d’éviter la prolifération des fibres vers l’extérieur. Selon les situations, l’enlèvement de l’amiante utilise ensuite différentes méthodes : arrachage, encapsulage, recouvrement... Une fois l’amiante démantelé, les surfaces sont aspirées avec un filtre absolu et brossées. Différents contrôles sont également effectués pour vérifier que l’amiante a bien été éliminé à 100 %. Quant aux déchets, ils sont emballés dans une zone isolée, signalée, close et surveillée, avant d’être acheminés vers un centre de traitement spécialisé.
Cette opération délicate doit absolument être effectuée par des professionnels, formés à la prévention des risques liés à l’amiante. En raison du risque sanitaire, le désamiantage est d’ailleurs soumis à une réglementation très stricte et à des précautions particulières.
Une réglementation très stricte
Le cadre réglementaire fixant les dispositions à mettre en œuvre pour les travaux de désamiantage vise à protéger à la fois la population, les travailleurs susceptibles d’être exposés et l’environnement. Les entreprises intervenant sur les chantiers de désamiantage doivent obligatoirement être certifiées : elles doivent détenir un certificat de qualification attestant de leur capacité technique à réaliser des travaux de retrait ou de confinement d’amiante et de leur respect des réglementations en matière d’environnement et de sécurité conformément à la norme NF X46-010. Une norme incontournable qui intègre diverses exigences d’ordre administratif, juridique, économique, organisationnel, technique et opérationnel. Cette certification amiante est délivrée, après audit, par l’un des trois organismes accrédités par le Comité français d’accréditation (Cofrac) : Qualibat, Afnor Certification ou Global Certification.
L’évolution du cadre réglementaire découlant du décret du 4 mai 2012 incite l’entrepreneur à évaluer lui-même les niveaux d’empoussièrement, qui vont déterminer les protections à mettre en place pour les salariés (EPI) et l’environnement (EPC). Autrement dit, aujourd’hui, il est de la responsabilité de l’entreprise certifiée, en utilisant sa technicité, ses moyens et ses compétences, d’apprécier elle-même le risque amiante.
Cette évolution est notable pour le maître d’ouvrage dans la mesure où les entreprises proposent des analyses de risque et, de facto, des moyens mis en œuvre très différents pour une même problématique.
Certification, expérience, moyens matériels et humains
Pour bien choisir une entreprise de désamiantage, il convient donc de prendre en compte un certain nombre de critères. Outre la certification, obligatoire, l’expérience sera évidemment un atout. Les réalisations et les références de l’entreprise en matière de désamiantage viennent en effet confirmer son savoir-faire.
Les capacités techniques et les moyens humains constituent également un élément clé de la performance de l’entreprise. Car celle-ci doit être capable de gérer l’ensemble de l’opération et des processus de désamiantage, depuis la rédaction des documents administratifs et notamment du plan de retrait amiante (PRAM) jusqu’à la démolition et à la gestion des déchets, en passant par les installations de chantier, la mise en place d’un confinement et le retrait des matériaux et produits contenants de l’amiante (MPCA).
Chaque situation étant unique, avec des problématiques et des risques spécifiques, l’entreprise doit également être capable de s’adapter et éventuellement de mettre en œuvre des solutions nouvelles. La capacité d’innovation est donc aussi un critère de choix, en particulier sur les grands chantiers et les opérations particulièrement complexes à réaliser.
Une affaire de spécialistes
Tous les grands maîtres d’œuvre et les sociétés d’ingénierie qui se sont affirmés comme des spécialistes du désamiantage, à l’image d’Artelia, d’Antea, d’Egis ou de Ginger Deleo, ont ainsi acquis ce type de compétences. Figurant parmi les leaders de l’ingénierie indépendante, Artelia a ainsi traité plus de 3 millions de m² en désamiantage et a développé un savoir-faire spécifique dans la dépollution du bâti, le démantèlement et la déconstruction de bâtiments et d’ouvrages complexes. C’est aussi le cas du groupe Antea, société internationale d’ingénierie et de conseil en environnement, qui a développé un savoir-faire original en matière de démolition, de déconstruction et de désamiantage... Ou de Ginger Deleo, bureau d’études spécialisé en ingénierie de déconstruction, désamiantage, démantèlement nucléaire et industriel... Ou encore d’Egis, filiale de la Caisse des dépôts et acteur international de l’ingénierie de la construction.
Les grandes entreprises du secteur, très spécialisées, sont également devenues incontournables, aux côtés des maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre pour mener à bien les travaux en toute sécurité.
C’est aussi parce qu’elle cumule tous ces atouts que la société familiale DI Environnement s’est affirmée comme l’un des leaders du désamiantage en France. Précurseur dans ce type d’opérations, qu’elle pratique depuis 25 ans, cette entreprise familiale s’appuie sur un effectif de plus 400 collaborateurs formés, habilités et expérimentés sur l’ensemble des procédés de retrait d’amiante et autres polluants. Elle possède trois qualifications de retrait de l'amiante selon la norme NF X46-010 et compte à son actif près de 10 000 de chantiers de désamiantage, des interventions ponctuelles jusqu’aux grands projets de dépollution (immeubles de grande hauteur à Paris la Défense, station du RER de Saint-Michel, navires porte-conteneurs à l’international, trains corail de la SNCF, etc.). Avec des agences à Marseille, Lyon, Paris, Bordeaux, Nantes, Toulouse et Strasbourg, l’entreprise est capable d’apporter à ses clients une offre locale sur tout le territoire et de mobiliser des moyens humains et matériels importants. DI Environnement fabrique lui-même ses matériels et dispose d’un atelier de 15 personnes qui réfléchit à de nouvelles solutions en fonction des spécificités du chantier : mécanisation des interventions, solutions de confinement originales, adaptation des machines… DI Environnement travaille sur « un robot autonome de désamiantage à destination de certains bâtiments et de sites complexes nécessitant des degrés de protection et de soins particuliers comme dans le nucléaire » assure son directeur général, Hugo Rosati. Un savoir-faire unique qui lui permet de s’adapter à toutes les situations.
Le désamiantage est bien une affaire de spécialistes et c’est pour cela qu’ils sont peu nombreux à pouvoir proposer des prestations sûres pour leurs employés et les personnes appelées à travailler sur les sites réhabilités.