Des scientifiques chiliens cultivent des figuiers de Barbarie dans le désert d’Atacama, avec l’espoir d’obtenir assez de biomasse pour produire de l’électricité de manière durable. Une source d’énergie renouvelable qui pourrait s’avérer moins coûteuse que les énergies fossiles.
Le cactus, la source d’énergie des déserts?
Des scientifiques chiliens cultivent des figuiers de Barbarie dans le désert d’Atacama, avec l’espoir d’obtenir assez de biomasse pour produire de l’électricité de manière durable. Une source d’énergie renouvelable qui pourrait s’avérer moins coûteuse que les énergies fossiles.
Fertiliser le désert
Originaire d’Amérique, où il est plus connu sous le nom de nopal, le figuier de Barbarie fait partie des rares végétaux capables de survivre à l’aridité des sols du nord du Chili. C’est cette extrême résistance qui a amené l’équipe de chercheurs de l’Institut de Biotechnologie et de l’Université Mayor à s’intéresser à ce cactus, dans le cadre d’un projet pilote de production d’électricité.
Alexis Vega, coordinateur du programme, estime qu’il suffirait de 150 hectares de cultures pour générer 1 mégawattheure (MWh) :
Si nous y arrivons, le nopal offrira un meilleur rendement que n’importe quelle autre culture de zone aride destinée à la production de bioénergie.
Autre avantage, les résidus de la culture du nopal sont extrêmement nutritifs et pourront aider à fertiliser les sols désertiques. L’équipe de scientifiques table sur un rendement minimum de 40 tonnes de matière sèche à l’hectare et compte y parvenir avant 2013.
Utiliser des biocombustibles dans les centrales à charbon
Deux modes de transformation sont envisagés :
La première consiste à déshydrater la matière organique obtenue, en faisant appel à l’énergie solaire. La matière sèche sera alors transformée en granulés, utilisés comme combustible dans les centrales thermiques, où ils se substitueraient au charbon. L’autre solution consiste à produire du méthane grâce à des réactions de fermentations et à l’utiliser dans des centrales à gaz classiques.
Selon Alexis Vega, les deux entreprises chiliennes ayant investi dans le projet compteront chacune avec une centrale pilote d’une puissance de 1,5 MW dès la fin de l’année 2013. Il sera alors possible d’étendre le projet à la production d'électricité pour les habitants de la région.
Le gouvernement chilien cherche à encourager ce type d’initiatives grâce à une nouvelle réglementation approuvée en 2010, obligeant les centrales thermiques à produire 10% de leur électricité à partir d’énergies renouvelables non conventionnelles d’ici 2024. Ces mesures s’inscrivent dans le programme global de réduction des émissions de gaz à effet de serre mis en place par le Chili.
Préserver les cultures alimentaires
Principale source d’énergie renouvelable en Europe, la biomasse concentre les espoirs des chercheurs du monde entier, qui misent désormais sur les biocarburants de seconde génération. Généralement produits à partir de déchets organiques, ceux-ci n’entrent pas en compétition avec la production de denrées alimentaires.
Pour Alexis Vega, le nopal est un candidat idéal pour la production de biomasse. Il peut être cultivé en plein désert, où sa croissance rapide rend possible au moins deux récoltes annuelles. Selon le chercheur, le prix du mégawattheure produit grâce à la biomasse de nopal avoisinerait les 35 dollars : un coût largement inférieur à celui de l’électricité issue de la combustion du pétrole, du gaz ou du charbon.