Comme les autres énergies renouvelables, les centrales électriques au biogaz se multiplient en Allemagne. Mais à cause de la mauvaise gestion des réseaux électriques, ces centrales seraient dangereuses pour l’environnement.
Le biogaz, un poison pour l’environnement ?
Comme les autres énergies renouvelables, les centrales électriques au biogaz se multiplient en Allemagne. Mais à cause de la mauvaise gestion des réseaux électriques, ces centrales seraient dangereuses pour l’environnement. Un problème délicat à régler.
Les 'digesteurs' qui permettent la fermentation de matières organiques en biogaz produisent du méthane. Celui-ci est normalement brûlé pour générer chaleur et électricité. Seulement, la gestion des réseaux électriques privilégie la transmission de l’énergie venant des grosses centrales. Quand l’électricité est abondante, le réseau n’accepte plus l’électricité des petites unités.
Ce qui peut être facilement résolu en bloquant les éoliennes est un casse-tête pour les usines biogaz, qui reposent sur un procédé biologique. La fermentation ne peut pas être stoppée à volonté. Le méthane continue d’être produit mais ne peut être brûlé. Dans ce cas, il est bien souvent relâché dans l’atmosphère. Comme il s’agit d’un gaz à effet de serre aux effets 20 fois plus graves que ceux du CO2, l’effet de ces pratiques est négatif.
Les conséquences peuvent être réduites si le méthane est brûlé dans une torche de secours. Seulement, leur installation est coûteuse et prend du temps. Peter Jepsen, qui dirige une centrale électrique à la biomasse dans le Land du Schleswig-Holstein estime que l’administration lui met des bâtons dans les roues.
Les autorités nous ont bien souvent imposé l’installation d’une torche fixe, alors qu’on aurait pu bien plus rapidement installer une torche mobile.
Il y a aujourd’hui 5 800 centrales fonctionnant au biogaz en Allemagne. Elles produisent de la chaleur urbaine et 2 300 mégawatts d’énergie électrique. Seulement 60 de ces installations sont reliées au réseau de gaz naturel et peuvent, au cas où le réseau électrique ne peut absorber leur production, alimenter le réseau de gaz naturel avec le méthane produit. Le reste doit soit, dans le meilleur des cas, brûler sa production, soit relâcher directement le méthane dans l’atmosphère.
Le fond du problème réside dans la gestion du réseau. Si les gestionnaires de centrales nucléaires assurent qu’ils peuvent baisser leur production pour laisser la place aux ENR en cas de surplus d’énergie, l’expérience prouve le contraire. L’Allemagne connaît de temps en temps un phénomène étrange de 'prix négatifs' sur son marché spot de l’électricité. En clair, un producteur paye un autre acteur du marché pour consommer l’énergie qu’il produit. Le phénomène s’est produit 25 fois en 2010. Pourtant dans ce genre de situations, le fonctionnement des centrales nucléaires n’a pas été stoppé. Si les propriétaires de centrales nucléaires préfèrent payer pour écouler leur énergie plutôt que de stopper leurs installations, fort est à parier qu’ils ne les stopperont pas non plus pour éviter qu’un peu de méthane s’échappe dans la nature…