Un barrage financé par la banque mondiale a été inauguré début décembre. Ce projet d’une capacité de plus de 1 000 MW se pose comme le nouveau standard à suivre pour les usines hydroélectriques.
Le barrage de Nam Theun 2, un modèle pour l’environnement et les populations
Un barrage financé par la banque mondiale a été inauguré début décembre. Ce projet d’une capacité de plus de 1 000 MW se pose comme le nouveau standard à suivre pour les usines hydroélectriques.
Le Laos, petit pays enclavé d’Asie du sud-est, n’a pas d’autres ressources que ses montagnes et ses rivières.
L’idée du gouvernement est de faire de leur pays la 'batterie' du sous-continent, grâce à leur potentiel hydroélectrique gigantesque. Ce projet, nous l’avons fait pour leur donner une référence à utiliser dans les futurs projets.
Les paroles sont de Robert Zoellick, patron de la banque mondiale, venu visiter le projet en octobre dernier.
La vague de construction de grands barrages a été ralentie en 2000 après un rapport multilatéral alarmant : les centrales hydroélectriques construites l’ont été au prix de 80 millions de personnes déplacées, d’une perte irréversible de la biodiversité et de l’inondation de vastes espaces forestiers. Alors, pour que la banque mondiale revienne dans le business de l’hydroélectrique, il a fallu mettre les bouchées doubles dans la résolution de ces problèmes.
Le directeur régional d’EDF, société impliquée dans ce projet, se réjouit :
C’est une opportunité unique de créer une nouvelle référence que les projets suivants se devront de suivre.
En effet, une région protégée de 4 100 kilomètres carrés a été mise en place pour la protection de la flore et de la faune, et une attention toute particulière a été portée aux populations déplacées. Avant le barrage, ces populations vivaient sans électricité, eau courante ou routes goudronnées. Les nouveaux villages dans lesquels elles ont été relogées ont tous ces équipements, en plus d’écoles et d’hôpitaux. Selon la banque mondiale, 87% des personnes relogées se déclareraient satisfaites des conditions de leur déplacement.
Cependant, quelques voix divergentes se font encore entendre. Ikuko Matsumoto, le directeur Laos de l’ONG International Rivers qui s’est prononcée contre le projet, estime par exemple que si les déplacements se sont bien passés pour le moment, il reste à prouver que le bilan sera positif sur le long terme.
Les gens ont de nouvelles écoles et hôpitaux, ils sont très contents. Le problème, c’est de savoir comment ils vont assurer leur subsistance sur le long terme. Ils vivaient auparavant des ressources naturelles, qui leur ont été retirées. Je ne vois pas comment ils vont assurer leurs revenus dans le futur.
Quoiqu’il en soit, ce ne sera pas le gouvernement qui se plaindra du projet. Le barrage va en effet contribuer à hauteur d’environ 40% de la croissance économique de 2010 dans le pays. D’autre part, les clients internationaux au premier rang desquels la Thaïlande, qui achètera 95% de l’électricité fournie par l’ouvrage, devraient apporter 2 milliards de dollars aux caisses de l’état sur les 25 prochaines années. Une somme non négligeable qui sera dépensée à l’amélioration des conditions de vie des plus pauvres.