L’Art du recyclage, «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme»

Carton, plastique, métal, fibre de verre… A une époque où l’environnement est une priorité, les poubelles, les plages polluées ou les greniers fourre-tout regorgent de véritables trésors pour ces créateurs qui aiment recycler les déchets des autres en œuvres d’art.

Par GVadmin Modifié le 7 août 2012 à 14 h 49

L’Art de joindre l’utile à l’agréable à moindre coût

«Tout art est parfaitement inutile » pensait Oscar Wilde. L’écrivain irlandais aurait-il terminé autrement sa  Préface au Portrait de Dorian Gray, s’il avait visité le village de Westbury-sub-Mendip dans le comté de Somerset?

Etre pragmatique ou ne pas être ?

C’est fort possible. A Westbury-sub-Mendip, même quand il s’agit d’art, le légendaire pragmatisme anglais est de rigueur. Et pour preuve, depuis 2009, une traditionnelle cabine téléphonique léguée pour la modique somme de £1, pour être transformée en une singulière bibliothèque communale, fait l’objet de toutes les attentions. D’ailleurs, pourquoi téléphoner quand on peut lire ? Surtout lorsqu’un banal mobilier urbain rénové en un espace culturel populaire, composé d’une centaine de livres, CD et DVD, est ouvert 24 heures sur 24.

Au Pays-Bas, les livres usagés ont également le vent en poupe. Tout particulièrement dans la librairie Delft Architecture, où un immense bureau d’accueil confectionné à partir d’une ribambelle de livres colorés, empilés les uns sur les autres, trône au milieu de la réception.

© Ellen Forsyth

A présent, quittons le vieux continent et ses livres poussiéreux pour nous rendre aux Etats-Unis, en plein cœur du Kentucky. Dans la ville de Lexinton, au bord d’une route, se trouve le Bottlestop. Véritable prouesse esthétique et écologique signée Aaron Scales – le grand vainqueur d’un concours international parrainé par Art in Motion – le Bottlestop, comme son nom l’indique, est un abri de bus réalisé à partir de bouteilles en verre d’eau gazeuse. Autonome en énergie, l‘arrêt de bus est éclairé par des lumières LED et dispose d’une toiture composée de panneaux solaires.

A Santa Monica, la société de design Minarc a créé le Rubbish, un lavabo durable conçu à partir de pneus recyclés. Le caoutchouc des pneus est fondu et nettoyé des débris et fibres métalliques pour former une fine feuille. Une fois tendue sur une base (en bois, en métal, ou tout autre matériau utilisé dans les meubles de salle de bain), la feuille est ancrée à la bonde d'évacuation. Doté d’une surface peu profonde et légèrement inclinée pour faciliter l'écoulement de l'eau, le lavabo Rubbish se voit décerner en 2010 un prix dans le cadre des R+D Awards de l'Architect Magazine.

© Aaron Scales

Des plages polluées ou des cavernes d’Ali Baba ?

Fin du road trip américain. Petit détour en Asie. Au pays du Soleil levant, les artistes Hideaki Shibata et Kazuya Matsunaga sont devenus célèbres en 2003 pour avoir transformé la Rivière Yodo en un studio en plein air. Le tandem japonais créé sur place des sculptures géantes composées d’objets échoués au bord de la rivière. Même initiative à Rome. Dans le cadre d’une campagne de publicité menée par l’association environnementale Save The Beach, l’artiste allemand H.A. Shult a imaginé un hôtel du même nom entièrement construit avec des matériaux recyclés. Au bas mot, 12.000 kg de déchets ont été collectés sur les plages européennes pour donner forme au projet.

En collaboration avec la compagnie de Théâtre Red Room, les artistes Berlinois Olke Köebberling et Martin Kaltwasser ont édifié l’été dernier sur un terrain de jeux de Southwark, le théâtre Jellyfish. Quelques semaines ont suffi pour mettre sur pied le bâtiment. L’exploit est rendu possible grâce à la contribution d’une quarantaine de bénévoles ; et à la générosité des habitants du quartier qui se sont volontiers débarrassés de vieilles portes et fenêtres, de plaques de métal et autres planches. Le projet explore comment la coopération humaine permet de lutter contre les dégâts provoqués par les changements climatiques, et tendre vers une société durable.

© Olke Köebberling et Martin Kaltwasser

Des poubelles facteurs de cohésion sociale

La forte mobilisation populaire qu’a suscitée la création du Théâtre Jellyfish atteste que l’art est un facteur de cohésion sociale et de développement. Au Costa Rica, loin des grandes galeries d’art et des salles de ventes aux enchères feutrées, le groupe de volontaires Coalición Reciclaje et l'ONG Terra Nostra ont développé une initiative visant à combiner l'art, le recyclage et l'éducation environnementale. Le projet est né du besoin de produire des sources de revenus alternatives pour les communautés vivant dans des zones rurales. Il a permis à des groupes de femmes de fabriquer des bijoux à partir de matériaux trouvés dans les centres de recyclage ; et de les vendre. L’objectif de ces expériences est d’encourager la population à adopter une vision commune et durable du monde.

Conscient également que l’Art peut faciliter le développement économique et social d’une société, au Brésil, Vik Muniz crée des œuvres d'art et des portraits à partir de matières plastiques ou organiques. En mettant en scène des personnes issues de milieux modestes qui l’accompagnent dans la réalisation de ces créations, le plasticien, redonne le sourire et de la dignité aux habitants des favelas. Mais au final, bien que l’art du recyclage soit universel, en Afrique ou en Amérique latine, il est bien souvent l’expression de la survivance, du manque de moyens. Dans les pays occidentaux au contraire, il est le miroir de la société de surabondance et de gaspillage !

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