Ne faut-il pas un brin d’imagination pour dessiner les contours du monde de demain? De la peinture classique à l’art contemporain, les artistes ont su donner un regard différent porteur de changement.
L’art de l’environnement
Ne faut-il pas un brin d’imagination pour dessiner les contours du monde de demain? Des idées innovantes et décalées sont à même d’apporter de nouvelles pistes pour parfaire le renouveau écologique qui est en marche. De la peinture classique à l’art contemporain, les artistes ont su donner un regard différent, porteur de changement.
La célébration de la nature
La nature a souvent été exaltée en peinture. La nature morte lui rend hommage avec majesté, trouvant ses lettres de noblesse dans l’œuvre de Paul Cézanne. L’impressionnisme colore sa beauté jusqu’à la faire ressentir au détour du pont japonais de Claude Monet. Des courants plus académistes, toutefois imprégnés de l’empreinte romantique, encensent la communion avec la nature à l’image de l’harmonie trouvée par Anglada Camarasa dans le portrait de Sonia de Klamery.
Les artistes ne se contentent pas d’exposer la beauté de la nature. Vaillants défenseurs de ses trésors, ils ont aussi souvent dénoncé les sévices qu’elle a subi sous la pression des avancées sociales et techniques. Dans son autoportrait de 1932, Frida Kahlo dénonce ainsi l’industrie alors en plein essor.
L’engagement artistique au service de l’environnement
L’art contemporain semble prendre de véritables initiatives en faveur de l’environnement: Butter Simpson dispose dans son œuvre in situ des disques de pierre à chaux dans l’Hudson River pour diminuer l’acidité de l’eau.
Tous les sujets sont balayés: l’exposition RE ART en avril 2009 réenchante le recyclage, la galerie Goutte de terre expose les travaux d’Imtiaj shohag sur l’eau et les problématiques du réchauffement climatique. En 2010, l’exposition Quand l’art rencontre le développement durable réalise la synthèse des visions artistiques empreintes d’intérêts écologiques. Mais ce n’est qu’un début, car le commissariat d’expositions sur les enjeux du développement durable, COAL, continue d’accompagner les artistes dans leurs projets.
Vers la conception d’innovations vertes
L’environnement est souvent vu comme un ensemble de contraintes. Toutefois, l’œil de l’artiste le perçoit davantage comme une palette d’alternatives. Ainsi Nicolas Reeves nous invite à repenser nos modèles sous le prisme de la nature. L’utilisation de la technologie et son détournement sont des propositions de réenchantement du monde. La Harpe à nuages intègre par exemple le mouvement des nuages afin de créer une fontaine sonore fonctionnant à toute heure, par tout temps et sans jamais répéter les mêmes séquences. Peter Fend va plus loin dans son œuvre Corridor sans pétrole où il propose un nouvel aménagement planétaire. Il s’agit de délimiter sur l’océan et sur la Terre, un corridor de plusieurs centaines de kilomètres de large sans hydrocarbures, à même de dessiner une zone écologique océanique moins polluée capable de produire du phytoplancton utilisable comme énergie renouvelable.
Si la nature a souvent été source d’inspiration et d’adoration pour les artistes, les mouvements contemporains semblent l’approcher de façon plus innovante pour la protéger. Le parfum du développement durable embaume désormais maintes expositions et les artistes commencent à imaginer les solutions de demain.
Éléonore Zanon