Pas besoin de discuter longuement les bienfaits du vélo pour les déplacements courts. Mais comment rouler dans la jungle qu’est la ville, sans se faire écraser ? Une association bruxelloise propose des solutions pratiques en éduquant les enfants au cyclisme urbain.
La vélorution passera par la sensibilisation des enfants
Pas besoin de discuter longuement les bienfaits du vélo pour les déplacements courts. Mais comment rouler dans la jungle qu’est la ville, sans se faire écraser ? Une association bruxelloise propose des solutions pratiques en éduquant les enfants au cyclisme urbain.
Sortez les cahiers et prenez un crayon. Je dicte. Sachant qu’un cycliste roule en moyenne à 15km/h en ville (tous feux compris) et que Monsieur Dupont habite à 3km de son lieu de travail. Quelle sera la durée du trajet pour que ce fonctionnaire rejoigne son bureau à vélo ? Vous avez 10 minutes.
Ah oui, une petite précision : monsieur Dupont est bruxellois. Ce qui veut dire, si l’on en croit les chiffres, que la moitié de ses déplacements sont inférieurs à 3km. Et alors qu’il pédale, il se dit qu’il ne pollue pas, qu’il ne fait pas de bruit pour son entourage et qu’il n’a pas à stresser dans les bouchons. Le tout en restant actif physiquement.
Pourtant quand son fils Nestor, a demandé un vélo pour Noël, le voici peu rassuré. « Chaque cycliste, même débutant, sait qu’à un moment ou un autre de sa vie, il aura rendez-vous avec une portière de voiture » écrivait Paul Fournel. Une promesse cinglante, comme un rappel que la ville regorge d’obstacles pour le cycliste du dimanche. Pas étonnant que Monsieur Dupont préfère savoir son bambin amené en voiture à l’école. Qui croit encore qu’un casque à vélo et un gilet jaune peuvent à long terme protéger contre la masse métallique d’une automobile ?
Le vélo, la ville et l’éducateur
Et bien justement, certaines associations bruxelloises s’engagent sur ce chemin. Parmi elles, l’ASBL « Provélo ». Son objectif, tel qu’explicité par son site web : « soutenir les cyclistes » et « (ré)apprendre la conduite du vélo ». Une mission qui commence tôt et passe notamment par les écoliers de 10 à 12 ans.
« Nous ce qu’on veut, explique le chargé de mission pédagogique, Nicolas Bihin, c’est vraiment autonomiser les enfants. ». Pour cela, différents programmes et outils pédagogiques sont mis à disposition des écoles demandeuses. La méthodologie, quant à elle, est toujours similaire. Après divers exercices en milieu protégés et quelques jeux pour améliorer la maîtrise du vélo, la vérification du matériel ou encore les règles de conduite, place à l’action. C’est ainsi que les éducateurs organisent une ballade sur un circuit déterminé. L’idée est d’entraîner les élèves à rouler en groupe, en une ou deux files. « L’objectif, continue Christophe, c’est d’avoir un groupe bien compact, sans que ce dernier gêne la circulation ».
Pour les plus téméraires, la possibilité est aussi offerte de passer le brevet du cycliste. L’équivalent du « brevet de natation », qui couronne la réussite d’un parcours individuel de 2km en ville. Et ce, sous la supervision des éducateurs, parents, policiers, voire du bibliothécaire local. Bien sûr, tous ne réussissent pas. Les défis varient en fonction de chaque enfant. Mais « ce n’est pas grave », le message passe.
Plus que des cyclistes, l’éducation à la citoyenneté
Les élèves, sortis du canevas scolaire habituel, sont ravis selon Christophe. «Plusieurs compétences sont mises en jeu au niveau du cyclisme. Il ne s’agit pas de faire des petits sportifs, mais bien des citoyens. » Il conclut : « ce n’est pas parce que tu as 11 ans, que tu ne peux pas prendre ta place dans un environnement commun ».
Et une fois la formation terminée, le brevet en poche, le relai est passé. Aux parents tout d’abord, avec la tâche d’autonomiser leur enfant sur des trajets courts effectués régulièrement. Comme ce fameux entraînement foot le mercredi après-midi. Autre possibilité post-brevet, pour les écoles cette fois : le projet « construire son REVe ». En clair, il s’agit d’étudier des parcours types pour rejoindre l’école sur un rayon de 4km. Une façon, sur le long terme, de sensibiliser les autorités publiques, voire à contribuer à la réalisation d’un « balisage permanent » sur les routes définies.
Du brevet au vélobus
Revenons-en à Monsieur Dupont. Une fois ses premières angoisses ravalées, le voilà enthousiaste devant les possibilités offertes. Il découvre ainsi rapidement le concours « Bike 2 school », proposé par Pro Vélo et dont la première session vient de se conclure. Résultat : 137 enfants et 25 classes wallonnes ont encodés les kilomètres effectués au mois de mai. En plus de la dizaine d’écoles ayant comptabilisé quotidiennement les vélos parqués sur l’établissement. Au final, un cumul de 14 000km. De quoi rejoindre l’Antarctique, sauvant l’équivalent de trois barils de pétrole, non recrachés dans l’atmosphère. Une vraie réussite, selon Nathalie Carpentier, chargée com’ de l’association. Surtout au vu du « peu de moyens mis dans la communication ».
En attendant, la deuxième session du concours commençant en septembre, Monsieur Dupont s’est lancé un nouveau défi. Celui de mettre en place un convoi scolaire pour Nestor et ses camarades. Du « bikepooling » comme on dit. Communément appelé le « vélobus». Pour cela, les exemples ne manquent pas à Bruxelles, avec notamment l’aide précieuse de la fondation « Goodplanet » pour leur mise en place.
Quant à ceux qui se demandent encore la durée du trajet de Monsieur Dupont pour rejoindre son bureau : la réponse est de 12 min. Ce qui, dans la journée, revient à moins d’une demi-heure d’activité physique quotidienne. 30 minutes d’activité physique, qui en plus de servir la planète, ont des effets positifs pour la santé. Alors, convaincus ?
Jan Nils Schubert