Au XXème siècle, des centaines de millions d’être humains vont produire leur propre énergie verte dans leurs maisons, leurs bureaux et leurs usines et la partager entre eux sur des réseaux intelligents d’électricité distribuée, exactement comme ils créent aujourd’hui leur propre information et la partagent sur internet.
La troisième révolution industrielle selon Rifkin
L’avenir selon Jeremy Rifkin
Voici comment peut se résumer la troisième révolution industrielle selon Rifkin : « Au XXème siècle, des centaines de millions d’être humains vont produire leur propre énergie verte dans leurs maisons, leurs bureaux et leurs usines et la partager entre eux sur des réseaux intelligents d’électricité distribuée, exactement comme ils créent aujourd’hui leur propre information et la partagent sur internet. »
Dans ce livre foisonnant et pressant, Jeremy Rifkin décrit par le menu les conditions nécessaires pour faire entrer notre monde dans l’ère d’une industrie en harmonie avec la biosphère et d’une conscience humaine renouvelée. L’urgence de la troisième révolution industrielle selon Rifkin se sent jusque dans le style haletant de l’auteur de « L’âge de l’accès : La nouvelle culture du capitalisme ».
5 piliers pour une révolution
Pour accomplir la troisième révolution industrielle selon Rifkin, ce dernier identifie 5 piliers nécessaires :
- Le passage aux énergies renouvelables
- La transformation du parc immobilier de tous les continent en ensemble de microcentrales énergétiques qui collectent sur site des énergies renouvelables.
- Le déploiement de la technique de l’hydrogène et d’autres techniques de stockage des énergies intermittentes.
- La transformation des réseaux électriques actuels en réseaux électriques intelligents ou « Smart Grid ».
- Le passage des moyens de transport aux véhicules électriques.
La troisième révolution industrielle selon Rifkin, une question de bon sens ?
Les 5 piliers que décrit Rifkin et dont il appelle de ses vœux l’édification ne sont au vu de la crise énergétique et climatique qui s’annoncent qu’une question de bon sens. Dans son livre, il ne fait que mettre au service de ce bon sens sa vaste culture, la richesse de son expérience et, parfois de manière un peu trop appuyée, ses contacts dans les hautes sphères du pouvoir et de l’économie.
Rifkin : un volontariste plein d’optimisme
Dans « La troisième révolution industrielle », Rifkin fait preuve d’un volontarisme plein d’optimisme qui fait rêver. Il énumère quelques projets de villes déterminées à opérer la transition vers l’efficacité énergétique tel que Rome, San Antonio ou encore Mazdar, mais sans nous dire où en sont effectivement ces villes dans leur transition.
De la même façon, pour avoir collaboré à l’élaboration du plan climat et énergie de l’union Européenne, il encense cette dernière dans son action pour une 3ème révolution industrielle. Sauf que, du point de vue du simple citoyen, les changements, s’il y en a, ne sont pas encore visibles. L’impression est plutôt que les Etats et les regroupements d’Etats consacrent plus de temps, d’énergie et de moyens à rafistoler l’édifice branlant qu’à en construire un nouveau avec tout l’allant que cela nécessiterait.
Rifkin, s’il est optimiste et volontaire, n’est pas totalement naïf puisqu’il reconnaît : « Soyons juste : j’ai vu ce phénomène se produire de multiple fois dans mes contacts avec les chefs d’Etat. Ils commencent en brûlant du feu sacré d’un grand dessein et succombent à l’obligation quotidienne d’éteindre de petits incendies. »
Une nouvelle économie pour un homme nouveau
Rifkin, esprit encyclopédique et curieux, a au moins le courage de proposer une vision globale et cohérente d’un avenir possible de l’humanité. Dans les derniers chapitres, il aborde l’économie en attaquant les théories encore actuelles issues des lois de la mécanique newtonienne et transposées depuis Adam Smith dans la théorie économique. A cette mécanique, il préfère faire référence à la thermodynamique qui permet, selon lui, de faire la connexion entre l’homme et la biosphère, c’est-à-dire de faire reprendre conscience à l’homme qu’il est dépendant et appartient à la biosphère terrestre et non qu’il en est comme « le maître et le possesseur ».
Cette vision implique une économie essentiellement basée sur l’échange et le partage. Les nouvelles générations y seraient plus sensibles pour l’expérimenter tous les jours à travers les échanges sur les réseaux sociaux et le partage des données et des connaissances. Cela rejoint assez logiquement le propos de son livre " Une nouvelle conscience pour un monde en crise, Vers une civilisation de l’empathie" . Il affirme d’ailleurs que le principe à la base de l’économie de marché (Le produit des intérêts individuels rejoint l’intérêt général) est avant tout une construction culturelle qui ne recoupe pas la richesse et la complexité des comportements humains. Un point de vue qu’il argumente également par les nombreuses recherches à ce sujet dans les sciences sociales. Au vu de ma définition de ce que devrait être l’écologie de marché, je ne peux que partager son analyse et ses conclusions.
Il est temps de faire la révolution
En revanche, il est parfois difficile de partager son enthousiasme lorsque l’on observe que dans le pays de la Révolution, le pouvoir se dispute essentiellement de points de détails comme le mariage gay, le rafistolage d’un système éducatif obsolète, le montant de la TVA ou la création d’une allocation pour que les « pauvres » puissent encore mettre de l’essence dans leur voiture ou encore l’antienne d’une relance de la croissance sans jamais se demander de la relance pour faire quoi ?
L’incurie des pouvoirs dans le monde occidental et riche se traduit aujourd’hui et dramatiquement par une incapacité à comprendre qu’une véritable révolution industrielle permettrait, en changeant notre rapport au monde, d’éteindre nombres des petits incendies auxquels ils consacrent ses forces en oubliant que la maison « planète » brûle.
Pour être clair et simple, les pouvoirs actuels, au lieu de pinailler sur des points de détails qui les rassurent et de se soumettre à des lobbies d’industries dépassées et délétères, feraient mieux de prendre la question essentielle de notre avenir commun et de lancer enfin la nécessaire révolution avant qu’il ne soit trop tard !
Une vision globale et synthétique
Si des points de détails de la troisième révolution industrielle selon Rifkin sont discutables, il est plus difficile de contester la justesse de son analyse et de la pertinence de ce qui fait une des grandes forces de Rifkin : une vision globale et synthétique des enjeux auxquels l’humanité est aujourd’hui confrontée.
Jeremy Rifkin nous la propose de manière aussi accessible que compréhensible. Sa vision, argumentée par une forte réflexion et une vaste connaissance, lui vient aussi et surtout de son implication concrète dans la pratique et la réalité du monde actuel. On peut l’accuser de tout, sauf de ne pas savoir de quoi il parle.
Une vision pratique du monde
« La troisième révolution industrielle » selon Rifkin est utile, car elle aide son lecteur à se construire une vision globale hors de l’habituelle idéologie qui consiste à faire entrer de force la complexité du monde dans les grilles d’analyse d’une vision abstraite préétablie. Au contraire, Jeremy Rifkin observe le monde et c’est à partir de cette pratique qu’il en tire une vision.
Thierry Tacite