Arrivée au pouvoir au lendemain des évènements sanglants d’avril 2010 au Kirghizistan, Roza Otoumbaïeva a été la première femme a accéder aux fonctions suprêmes en Asie centrale. Petite, toute en rondeurs, cette Kirghize de …
La Présidente Roza Otoumbaïeva récompensée pour son courage
Arrivée au pouvoir au lendemain des évènements sanglants d'avril 2010 au Kirghizistan, Roza Otoumbaïeva a été la première femme a accéder aux fonctions suprêmes en Asie centrale. Petite, toute en rondeurs, cette Kirghize de 65 ans sans prétention a obtenu une récompense « pour son courage » des mains du représentant du département d'État américain en début de semaine, lors d'une visite à Washington.
Roza Otoumbaïeva, philosophe de formation et ancienne diplomate, joue depuis plusieurs année un rôle actif dans la politique kirghize, et notamment dans les multiples révolutions politiques qui ont ébranlé le pays depuis son indépendance en 1991. En 2005, elle participe au mouvement pacifique qui aboutira au départ du président Askar Akaev, et à l'arrivée de Kourmanbek Bakiev. Ce dernier, corrompu et autoritaire, prendra lui-aussi la fuite en 2010, après une révolte qui a fait plusieurs dizaines de morts.
Auréolée par son son rôle de représentante spéciale du Kirghizistan à l'ONU, Roza Otoumbaeïva prendra les rênes du pouvoir dans la plus grande confusion au printemps 2010, et organise un référendum pour transformer le Kirghizistan en un régime parlementaire, une grande première en Asie centrale. Mais le pays, en grandes difficultés politiques et économiques, est à nouveau le théâtre d'affrontements en juin 2010, un conflit aux allures ethniques et aux racines criminelles, qui fera près de 2 000 morts dans le sud.
Fragilisée et critiquée pour sa gestion de la crise, Roza Otoumbaïeva reste néanmoins debout et parvient à mettre en place des élections législatives relativement transparentes en octobre dernier. Seule femme présidente d'Asie centrale, elle est entourée de président aux fortes tendances autoritaires, notamment en Ouzbékistan et au Turkménistan, qui font partie des régimes les plus fermés de la planète.
La semaine dernière, avant de s'envoler pour une tournée européenne et vers les États-Unis, la présidente a tenu à féliciter les femmes de son pays.
Cette année est d'autant plus remarquable que nous célébrons également les 200 ans de Kurmandjan Datka [« reine » kirghize célèbre, qui a notamment résisté à l'invasion russe à la fin du 19ème siècle] et les 20 ans de l'indépendance du Kirghizistan
..., a t-elle rappelé.
Nous les femmes kirghizes avons toujours eu un rôle particulier dans la conduite du pays, et nous devons lutter pour l'égalité dans tous les domaines, politiques, sociaux et économiques.
Par ailleurs, Roza Otoumbaeïva a également lancé un vaste programme pour lutter contre le fléau de la corruption et de la criminalité au Kirghizistan, en appelant de ses vœux à remettre la légalité et la justice au cœur du système kirghize. Le peuple aura largement l'occasion de la juger sur ses actes, car, conformément à la nouvelle constitution, Roza Otoumbaïeva a promis qu'elle ne se présenterait pas aux élections présidentielles qui auront lieu à la rentrée prochaine au Kirghizistan. Décidée à assurer l'intérim seulement, saura-t-elle résister à l'attrait du pouvoir ?
kyrgyzpress.com