Les efforts du gouvernement indien pour sauver le tigre sont honorables, mais ne serait-il pas encore plus important de sauver nos enfants ? C’est le message de Kalpana Sharma, qui dresse un tableau effrayant de l’autre Inde …
La moitié des enfants du pays souffrent de malnutrition
Les efforts du gouvernement indien pour sauver le tigre sont honorables, mais ne serait-il pas encore plus important de sauver nos enfants ? C’est le message de Kalpana Sharma, qui, dans une tribune au journal The Hindu, dresse un tableau effrayant de l’autre Inde : celle où la moitié des enfants ne mangent pas à leur faim.
Elle multiplie les honneurs: 9% de croissance économique annuelle, bureau du monde, certains des hommes les plus riches de la planète… L’Inde fait rêver, mais c’est aussi un pays d’inégalités effrayantes. Dans les villages et les campagnes, se nourrir correctement reste encore difficile.
La malnutrition est la première cause de mortalité infantile du pays. La moitié de ces morts prématurées pourrait être évitée si l'Etat s'en préoccupait. Le manque d’alimentation conduit à un affaiblissement du système immunitaire et des infections banales tournent au drame.
Ce qui est inquiétant n’est pas seulement le pourcentage élevé d’enfants mal nourris, c’est surtout le rythme insignifiant auquel il diminue. De 1999 à 2006, ce pourcentage proche de 50% a diminué seulement d’un point. A ce rythme, l’objectif (faisant partie des objectifs du millénaire) de réduire de moitié la malnutrition infantile d’ici 2015 sera impossible à réaliser.
Que se passe-t-il ? La théorie économique veut que l’augmentation du PIB par habitant soit corrélée avec la réduction des problèmes de malnutrition. Pourtant, 28 des 37 pays d’Afrique sub-saharienne ont un PIB par habitant inférieur à celui du sous-continent mais les problèmes de malnutrition y sont moins graves. L’explication purement économique n’est alors pas satisfaisante.
Le docteur Shiva Kumar a étudié en détail les statistiques de deux états indiens, le Sikkim et le Madhya Pradesh. Les résultats sont frappants : les femmes du Sikkim se marient plus tard, ont un niveau d’éducation plus élevé et une meilleure santé. Il y a aussi moins d’enfants qui naissent en sous-poids dans cet état. Un angle d’observation qui privilégie les facteurs sociaux et culturels et qui paraît plus convainquant.
Comment faire pour résoudre le problème ? Il faudrait que le gouvernement s’en saisisse et fasse de sa résolution une cause nationale. Les efforts colossaux déployés pour sauver les tigres sont honorables. Je suggère simplement de dire que nos enfants, comme les tigres, sont en danger. Ils ont également besoin d’une campagne active impliquant les médias, le système éducatif, le monde politique et des affaires, et tous ceux qui se sentent concernés, afin que le cercle vicieux de la pauvreté et de la faim puisse enfin être rompu.