Le projet des deux favelas est surtout remarqué pour son improvisation. Invité par la mairie de Rio, le chinois Sha Zukang, directeur du département des affaires économiques et sociales de l’ONU pour le Rio+20 , a visité la favela de Babilônia, au Sud de la ville, mais n’a pas eu l’occasion de voir sa décharge à ciel ouvert.
La mairie de Rio maquille ses favelas en vue du sommet Rio+20
Le projet des deux favelas choisies comme "modèles de développement durable" est surtout remarqué pour son improvisation. Invité par la mairie de Rio, le Chinois Sha Zukang, directeur du département des affaires économiques et sociales de l’ONU pour le Rio+20 (Conférence des Nations Unies pour le Développement Durable), a visité la favela de Babilônia, au Sud de la ville, mais n’a pas eu l’occasion de voir sa décharge à ciel ouvert.
Une favela améliorée ?
Les favelas de Babilônia et de Chapéu Mangueira ont reçu, en juin 2009, une Unité de Police Pacificatrice (UPP), projet du gouvernement de l’Etat de Rio. La mairie souhaite faire de ces deux endroits des "modèles de pratiques en matière de développement durable" à présenter au futur sommet Rio+20 en 2012. Le programme, au coût de 43,4 millions de R$ (près de 20 millions d’euros), devra privilégier l’utilisation de matériaux qui n’imperméabilisent pas le sol, un éclairage public en LED, un tri sélectif des déchets et le recours à l’énergie solaire. En outre, les nouvelles constructions s’appuieront sur des structures métalliques recyclées et des briques écologiques. Elles permettront la récupération et le recyclage des eaux de pluie et des égouts.
Pacifiées avec la présence d’une UPP, les deux communautés ont été choisies comme projet-pilote car elles sont limitrophes d’une zone de protection environnementale
, informe le Secrétariat à l’Habitat.
Aménagements en trompe-l’œil
La décharge de Babilônia se trouve justement dans ce cas. On y trouve de tout : vieux frigos, restes de nourriture, couches usagées et bouteilles en PET. Il faut traverser un mur partiellement détruit pour atteindre la décharge. "La mairie promet des actions ponctuelles. Il n’existe pas de projet de développement durable", affirme Sebastian Archer, de l’ONG SOS Leme.
Quelle entreprise va installer des panneaux solaires ? Cela ne figure pas dans l’appel d’offres.
D’après lui, même la relocalisation de 90 maisons construites sur l’Aire de Protection Environnementale (APA), accompagnée de solutions de relogement pour les familles, est le résultat d’une action judiciaire et non d’une initiative des autorités.
Il y a des décharges cachées. Elles représentent un risque pour tous ceux qui vivent là-bas
, affirme-t-il, pointant du doigt des zones victimes de glissements de terrain.
Les incertitudes pour la grande conférence Rio+20
La mairie reconnaît qu’il ne sera pas possible de tenir toutes les promesses avant le début de la conférence internationale. Mais elle assure que le tout-à-l’égout sera installé avec un nouveau système de drainage et que les décharges seront fermées, laissant place à un tri organisé des déchets.
Le Président de l’Association des habitants de Babilônia estime qu’aujourd’hui 60% des gens jettent correctement leurs ordures. Le reste continue à s’en débarrasser dans la décharge à flanc de coteau.
Notre tâche la plus difficile, c’est d’éduquer les habitants.
La conférence Rio+ 20 (4 au 6 juin 2012) se veut ambitieuse. Parmi les objectifs annoncés, celui de trouver un accord entre les pays afin de rendre concrète l’idée d’économie verte. L’autre thème sera le développement durable et l’éradication de la pauvreté. Après l’échec de la Conférence du Climat de Copenhague, en 2009, et la lenteur des négociations sur les changements climatiques de cette année, l’enjeu de Rio+20 est de taille.