Episode 1 : La fuste, championne du bilan carbone.
Série : l’éco-construction, une autre vision de l’habitat
Episode 1 : la fuste.
Découvrez pendant 1 mois notre série sur l'éco-construction. Le sujet de ce premier épisode est la fuste.
Log home aux États-Unis, Tømmerhus en Suède, ou maison de billots au Québec, la fuste a su séduire les constructeurs de plusieurs continents pendant des siècles. Elle allie les performances thermiques exceptionnelles des rondins à la beauté minimaliste du bois brut.
La relative simplicité des techniques employées permet aux bâtisseurs les plus hardis de se lancer seuls dans la construction de leur logis. Dans les pays nordiques, où ce type de construction est le plus répandu, on construisait autrefois les fustes en utilisant uniquement une hache et un couteau.
Comme la plupart des habitats écologiques, la maison de rondins est construite à partir de matériaux locaux. Ce n’est donc pas un hasard si on la retrouve dans presque toutes les régions où les forêts de sapins constituent l’écosystème dominant. Comme la Scandinavie, la Russie, l’Amérique du Nord ou les Alpes.
Méthode de construction
Après un simple écorçage, la face inférieure de chaque tronc, ou fût, est creusée afin d’épouser la forme du rondin sur lequel elle vient s’appuyer. Les extrémités des rondins sont ensuite taillées selon diverses techniques. De manière à assurer un parfait emboitement aux angles de la construction.
Les fustes sont généralement montées une première fois chez le “fustier”. Puis elles sont acheminées en pièces détachées sur le terrain du client, où a lieu leur assemblage définitif. Un soin particulier doit être apporté à l’installation des ouvertures. Les portes et fenêtres sont montées sur rails afin de coulisser librement au cours des premières années. Tandis que le bois va se tasser en séchant.
Un fort pouvoir isolant
C’est l’importante épaisseur des murs de bois massifs (près de 40 cm) qui confère à la fuste ses qualités exceptionnelles. Le pouvoir isolant et l’effet de masse thermique du bois suffisent à protéger les occupants de la fuste contre les climats les plus rigoureux. Les murs ne nécessitent aucun revêtement supplémentaire.
Matériau naturel par excellence, le bois procure un confort sans pareil, absorbe les odeurs et régule l’hygrométrie à l’intérieur de la maison.
Aujourd’hui, si les maisons en bois brut restent l’un des habitats privilégiés de l’éco-construction, c’est avant tout en raison de leur bilan carbone inégalable.
Les matériaux traditionnels comme la brique ou le ciment nécessitent beaucoup d’énergie au cours de leur processus de fabrication (on parle d’énergie grise). Ils sont responsables de la libération d’importantes quantités de CO2 dans l’atmosphère.
Le bois de la fuste est un puits de carbone
Le bois brut, issu de forêts gérées durablement, constitue un puits de carbone. Il stockera pendant plusieurs siècles le CO2 piégé par les arbres. Dans leur ouvrage l'Art de la Fuste, Marie France et Thierry Houdart expliquent qu'une maison en bois brut emmagasine le dioxyde de carbone produit par la construction de quatre maisons en béton.
Au-delà des performances techniques, l’engouement suscité par les fustes s’explique certainement par ses qualités esthétiques. Ainsi que par le bien-être qu’offre le plus naturel et le plus sain des matériaux de construction : le bois.
En France, le développement de la fuste reste toutefois limité par la difficulté d’obtenir un permis de construire, en raison de son aspect "non traditionnel".
Pierre Fleutot
Voici quelques photos de la fuste avec une toiture végétalisée construite par Yvan Pikulski:
Crédit photos : Pierre Fleutot