La forêt, entre histoire et poésie

Francis Hallé, botaniste spécialiste des forêts tropicales depuis 40 ans nourrissait le rêve de réaliser un long-métrage de grande envergure sur les forêts primaires du globe. En 2010, il rencontre Luc Jacquet, réalisateur de La Marche de l’Empereur avec qui il commence à nouer un profond lien d’amitié. Trois ans après, le film Il était une forêt est sur les feux de la rampe pour une sortie en salle le mercredi 13 Novembre 2013. Premières impressions…

Par Mathieu Viviani Publié le 2 novembre 2013 à 0 h 05

Francis Hallé, botaniste spécialiste des forêts tropicales depuis 40 ans nourrissait le rêve de réaliser un long-métrage de grande envergure sur les forêts primaires du globe. En 2010, il rencontre Luc Jacquet, réalisateur de La Marche de l’Empereur avec qui il commence à nouer un profond lien d’amitié. Celui-ci vient de créer son association et ONG Wild-Touch spécialisée dans la promotion de contenus audiovisuels engagés dans la cause du développement durable. Trois ans après, le film Il était une forêt est sur les feux de la rampe pour une sortie en salle le mercredi 13 Novembre 2013. Premières impressions…

© Frameme

Un film « sensuel »

« Ce ne sera pas un film sur la déforestation, déjà abondamment montrée, ni un film scientifique, car il ne pourra évidemment pas prétendre à l’exhaustivité. Ce sera plutôt un film sensuel : ce qu’on voit et ce qu’on ressent. Il faut que ce soit très beau car ces forêts sont admirables.»[1]

Ces mots de Francis Hallé, botaniste et à l’origine du film Il était une forêt  pourraient être son synopsis. L’intention y est claire, et c’est lors des premières minutes de visionnage que l’on en saisit toute la portée – agréablement, il faut le dire. Plus le film avance, plus on comprend que rendre compte de la vie d’une forêt primaire (une forêt intacte qui n'a jamais été exploitée, ni influencée par l'homme) ne peut se faire que sous la forme d’une histoire racontée, romancée.

A l’instar d’une mégalopole humaine, une forêt primaire est un espace où l’activité y est permanente, partout. La biodiversité y est très élevée, et l’interactivité entre ses différents protagonistes (arbres, plantes, insectes, mammifères, etc.) est un véritable roman dont le titre principal pourrait être le « défi de la coexistence ».

Une réalisation originale et poétique

Cette poésie de la nature est rendue accessible par l’ingéniosité des séquences du réalisateur Luc Jacquet dont le talent est reconnu mondialement grâce à son film La marche de l’empereur. A plusieurs reprises, les panoramas des forêts tropicales péruvienne et gabonaise subjuguent, époustouflent par leur force de caractère et leur beauté.

Les arbres, pour certains millénaires, sont comme nous l’explique d’une voix passionnée Francis Hallé, les « pionniers » de l’émergence de la  vie végétale et animale de ces terrains. Grâce à eux, des milliers d’espèces naissent et coexistent dans une harmonie dont il reste encore à percer bon nombre de « mystères ». « Cela nous dépasse, et c’est peut-être mieux comme cela » exprime notre guide botaniste.

La poésie prête sa voix au savoir grâce à des animations 3D incorporées aux images tournées. Leur rôle est d’expliquer comment nait et fonctionne la biodiversité de ce terreau fertile. Ce procédé aussi créatif que surprenant s’intègre au déroulement du scénario de l’exploration. Cela permet de ne surtout pas interrompre la progression du film à la fois conte et cours de botanique. Les deux expressions sont valables pour qualifier cette riche expérience.

Une expérience avant tout

C’est peut-être cela la clé de voûte de ce long-métrage. Nous faire passer de l’informatif à l’expérience. De la sensibilisation à la sensibilité. De la passivité à la prise de conscience. De l’inertie à l’action. Des aspirations en lien direct avec celles de Francis Hallé :

« Il y a deux manières de résumer le projet. Une manière triste : c’est foutu, les forêts tropicales vont disparaître à jamais d’ici dix ans, et ce film constituera une archive de ce que nous aurons perdu. Pour qu’au moins les générations suivantes disposent d’un témoignage de cette splendeur. Et il y a une autre hypothèse, plus ambitieuse, à laquelle je veux me rallier : que ce film puisse contribuer à freiner la déforestation. Je me souviens de l’impact qu’a eu Le Monde du silence de Jacques Cousteau et Louis Malle, en 1956. Ce film a véritablement lancé l’océanographie, c’est grâce à lui que les océanographes ont pu avoir de gros budgets de recherche. »[2]

On ne peut qu’espérer la validité de la deuxième hypothèse. Visionner Il était une forêt, sans l’ombre d’un doute, saura vous convaincre du bien-fondé de la démarche. Car comme le dit le slogan de Wild-Touch : « On protège mieux ce que l'on aime. Retrouvons le lien sensible qui nous unit à la nature. »

D’un bon sens à toute épreuve… Bonne expérience début novembre !

Mathieu Viviani

1 commentaire on «La forêt, entre histoire et poésie»

  • Vu que ses précédents films furent très bon (la marche de l’empereur) et excellent (le renard et l’enfant), j’attends avec impatience ce nouveau film.

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