La Thaïlande a décidé de s’équiper de réacteurs nucléaires pour faire face à ses besoins d’énergie. Mais l’accident de la centrale de Fukushima pourrait bien changer la donne.
La crise nucléaire japonaise fait réfléchir le pays
La Thaïlande a décidé de s’équiper de réacteurs nucléaires pour faire face à ses besoins d’énergie. Mais l’accident de la centrale de Fukushima pourrait bien changer la donne.
Le ‘Plan de Développement Énergétique’ (PDE) à 20 ans prévoit que 5 centrales nucléaires de 1 000 MW soient construites entre 2020 et 2030. Mais le 15 mars, des manifestations d’opposants au nucléaire ont été très suivies dans l’ensemble du pays. Dans les 8 provinces envisagées pour la localisation de ces usines, les manifestants ont appelé à abandonner ce plan et à se concentrer sur les énergies renouvelables. Et ce qui est étonnant, c’est que le gouvernement semble être d’accord avec eux. Ainsi le premier ministre Abhisit Vejjajiva aurait déjà confié ses inquiétudes, et le vice premier ministre Suthep Thaugsuban a été très clair dans une déclaration à la presse faite le 16 mars:
J'étais de ceux qui soutenaient le nucléaire du fait de ses faibles coûts de production par rapport à d’autres sources d’énergie. Mais j’ai changé d’opinion et je pense que la Thaïlande doit repenser son modèle de développement. On devrait se tourner vers d’autres sources d’énergie.
Le problème, c’est que l’alternative des centrales au charbon est elle aussi contestée par la population. Si les centrales au charbon ne peuvent pas aboutir et que le gouvernement écarte pour de bon la solution du nucléaire, quelle porte de sortie reste-t-il ? On peut espérer que le pays se tourne vers les énergies renouvelables, mais c’est sans doute le gaz naturel qui fera office de solution de rechange. La commission de régulation de l’énergie a déjà mis à jour ses projections d’importations. Si les réacteurs ne sont pas construits, il faudra d’ici 2030 importer 28 millions de tonnes de LNG par an. 10 millions de tonnes suffiraient en cas de recours à l’atome.
En attendant, les groupes d’opposition au nucléaire ne vont pas lâcher la pression. Et si les réactions du monde politique semblent montrer que leur voix sera entendue, ils ne s’arrêteront pas là. Sodsai Sangsoke, un des leaders du mouvement d’opposition au nucléaire, voit grand :
Nous allons envoyer une pétition au gouvernement vietnamien. Nous souhaitons qu’il recule, pour garder une région sans nucléaire.
Reste à savoir quelle solution se présentera pour faire face à des besoins énergétiques qui progressent à une vitesse vertigineuse dans l’ensemble de l’Asie.