Révolutionnaire. Une nouvelle méthode pour éliminer les émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques a été inventée en Finlande. Développée par le physicien nucléaire Matti Nurmia, elle fait aujourd’hui l’objet d’un brevet.
Invention d’un bouclier anti-émissions
Révolutionnaire. Une nouvelle méthode pour éliminer les émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques a été inventée en Finlande. Développée par le physicien nucléaire Matti Nurmia, elle fait aujourd’hui l’objet d’un brevet. Mais c’est en Afrique que seront construites premières centrales de purification du CO2.
Cela fait des années que le monde entier planche sur des moyens simples de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Et c’est la Finlande qui a réussi, en 2009. Matti Nurmia, maître-chercheur au département de Physique de l’université de Jyväskylä (centre-sud du pays), vient de faire breveter sa méthode. Si tout se passe bien, on pourra dire adieu au coûteux stockage du dioxyde de carbone.
Le principe ? La neutralisation du CO2. Les gaz brûlés produits par des centrales électriques à charbon sont conduits dans une usine qui ressemble à un silo à grain. Le gaz est "lavé" dans l’eau, ce qui produit une espèce d’eau carbonée. Sous cette forme, l’eau est nocive pour l’environnement. Il faut donc la filtrer.
Le matériau filtrant retenu est du feldspath broyé, un minerai très répandu. Souvent, ce feldspath est un sous-produit de l’industrie minière. C’est lui, ou tout autre minerai siliceux, qui transforme le dioxyde de carbone en bicarbonate non nocif pour l’environnement.
Avantage du procédé : il produit également des métaux précieux qui peuvent être utilisés dans l’industrie électronique, ainsi que des composés qui peuvent servir à fabriquer de l’aluminium. Cette invention peut paraître trop extraordinaire pour être vraie, le Dr. Nurmia le reconnaît :
C’est sûr, la méthode ne permet pas d’éliminer complètement les émissions mais tout de même une grosse partie.
En Finlande, beaucoup restent sceptiques. Malgré l’important programme collectif mené par des instituts de recherche et des universités pour réduire les émissions de CO², rien n’a encore vraiment démarré sur le territoire nordique. Les premières centrales de purification verront donc le jour en Afrique. Le fils du scientifique finlandais, Ikkla Nurmia, est chargé de commercialiser la méthode :
Cela fait deux ans que nous tentons de mettre les choses en route en Finlande. Alors qu’en Afrique du Sud, nous avons des partenaires et de grosses sociétés qui se sont engagées pour mettre la méthode en œuvre. Ils voient bien qu’il s’agit d’une solution gagnant-gagnant pour toutes les parties impliquées. Nous en sommes actuellement au point où nous avons deux grands chantiers en Afrique du Sud et cinq au Botswana. Dans ces pays, la volonté politique existe. Et ils bénéficient des financements de la Banque Mondiale pour ce genre de projets.
En Finlande, la méthode suscite l’intérêt de producteurs d’électricité comme Fortum, qui avait d’abord rejeté la possibilité de capturer et de stocker le dioxyde de carbone sous prétexte qu’elle coûtait trop cher. Il faut bien dire que l’invention nécessite encore des mises au point. Comme le résume Risto Sormunen, responsable de la technologie chez Fortum :
Au stade d’idée, cela semble faisable ; mais il reste des points à élucider. Nous n’en sommes qu’au tout début. Nous devons d’abord déterminer si la méthode peut être adaptée à nos anciennes centrales électriques à charbon, ou si seules les nouvelles centrales peuvent en bénéficier.
L’étude de faisabilité à été confiée à l’université de Technologie de Tampere (sud-ouest de la Finlande). Entretemps, la famille Nurmia s’apprête à aller s’installer au Botswana.