Au lendemain de la 7e édition des Ateliers de la Terre consacrée à la co-construction, Youth Diplomacy a pu rencontrer Stéphane Dion, ancien prétendant au poste de premier ministre, membre du parlement canadien et ancien ministre de l’environnement du Canada. Personnalité politique fortement engagée dans la protection de l’environnement, il nous explique ici l’histoire de son engagement et nous livre sa solution pour lutter contre le réchauffement climatique.
GLOBAL CONFERENCE – Interview de Stéphane Dion, personnalité politique canadienne
Au lendemain de la Global Conférence, Youth Diplomacy a pu rencontrer Stéphane Dion, ancien prétendant au poste de premier ministre, membre du parlement canadien et ancien ministre de l'environnement du Canada. Personnalité politique fortement engagée dans la protection de l'environnement, il nous explique ici l'histoire de son engagement et nous livre sa solution pour lutter contre le réchauffement climatique.
Youth Diplomacy : Quelles étaient vos intentions en tant que ministre de l'environnement et candidat à l'élection de premier ministre ?
Stéphane Dion: L'environnement était au cœur de ma volonté. Lors de mon mandat de ministre, nous avions accueilli la Conférence sur le Changement Climatique à Montréal (UNFCCC COP11). Je soutenais qu'il fallait dépasser l'unique préoccupation de l'environnement par le seul ministre de ce nom et l'inclure dans les programmes et les préoccupations de tous les ministres. Pour parvenir à cette extension du paradigme environnemental et à un système englobant l'ensemble de la société, le mécanisme des prix me semblait le moyen le plus simple et le plus efficace. Avec la mise en place d'une taxe sur les pollutions couplée à une diminution des impôts sur les activités productrices d'épargne, on pouvait à la fois stimuler l'économie d'investissement et diminuer les pollutions. Un tel système possède, en effet, pour principal avantage de ne pas taxer les entreprises directement sur leurs revenus, mais sur leur pollution et, par conséquent, promeut leurs activités de R&D et permet de parvenir aux innovations dont la société à besoin.
Malheureusement, le parti conservateur adversaire fut déclaré victorieux, la majorité de la population ayant uniquement perçu ce système comme une simple taxe supplémentaire. Mon programme sociétal incluant fondamentalement l'économie, l'environnement et le social est aujourd'hui délaissé par le Canada, même par mon ancien parti (parti libéral), à mon grand regret.
Que pensez vous de la tendance récente du Canada à sembler plutôt réticent à la protection de l'environnement ?
Certes, ce désengagement de l'État des problèmes environnementaux est regrettable. L'exploitation du gaz de schiste pollue des millions de litres d'eau, alors que l'eau constitue peut être le trésor le plus précieux du Canada. Le Canada s'est aussi retiré du protocole de Kyoto après la Conférence de Durban (UNFCCC COP 17) et porte une image ternie par son exploitation de sables bitumineux, particulièrement polluante. Mais, il serait bien réducteur de penser que l'ensemble de la population accepte ce désengagement. Ma présence à cette 7ème édition de la Global Conférence en est l'illustration.
Une des principales idée que vous soutenez aujourd'hui est l'instauration du taxe globale sur les activités productrices de gaz à effet de serre, pouvez-vous nous donner des renseignements supplémentaires sur un tel système ?
Mon idée pour relancer les négociations internationales, qui semblent aujourd'hui bloquées, est effectivement d'instaurer une taxe carbone globale, dont le prix serait fonction de l'impact de la source d'énergie sur le réchauffement. Le prix sur le charbon serait ainsi supérieur à celui sur le pétrole, lui même supérieur à celui sur le gaz naturel. Pour que cette taxe soit réellement efficiente, elle devrait être globale sans souffrir d'exception et imposer un tarif assez élevé pour donner l'impulsion suffisante au changement nécessaire (120 US $/t CO2). Un tarif régressif pourrait faciliter sa mise en place à la fois au sein de nos pays en utilisant les revenus de cette taxe pour aider certaines classes sociales et financer l'innovation, mais aussi au niveau international pour financer le fond vert, garantie de l'aide aux pays en voie de développement.
Les avantages d'un système de taxe par rapport à un système de Cap & Trade, initialement supporté par mon adversaire à la présidentielle, sont multiples. Tout d'abord, la plupart des émissions résultent du transport, secteur très difficile à insérer dans un système de Cap & Trade. Par ailleurs, la mise en place d'un système de Cap & Trade est longue et difficile à négocier. Elle fut sûrement rendue possible en Europe (avec le système EU ETS) grâce à une certaine uniformité entre les économies des pays principaux. Enfin, même si un système de taxe ne permet pas l'échange de quotas entre les entreprises, il offre une plus grande prévisibilité, qui est fondamentale pour l'investissement.
Propos recueillis par Lucas Brunet et Michael Ravier