La France s’engage dans une refonte majeure de ses ambitions industrielles avec la révision imminente du plan France 2030, initialement doté de 54 milliards d’euros. Cette mise à jour critique, orchestrée par le Secrétariat général pour l’investissement et le ministère de l’économie, vise à adapter les objectifs nationaux aux réalités technologiques et économiques actuelles, notamment en réévaluant les engagements dans l’hydrogène et le solaire.
IA, énergies renouvelables : la France ajuste sa feuille de route industrielle pour 2030
Un recul dans l'investissement en hydrogène
Au cours des quatre dernières années, divers changements ont conduit à reconsidérer les orientations prises par la France, des décisions qui, par ailleurs, étaient également adoptées à l'échelle européenne. « Cette révision est indispensable : depuis 2021, l'intelligence artificielle a par exemple fait irruption et s'est imposée comme technologie phare », explique le patron d'un gros investisseur public dans des propos recueillis par Les Echos. Les experts gouvernementaux préconisent une réduction importante des subventions pour l'hydrogène, en raison des progrès insuffisants et d'une demande stagnante.
Les applications pratiques de l'hydrogène se révèlent moins diversifiées que prévu, tandis que la crise énergétique exacerbée par la guerre en Ukraine compromet la viabilité économique de cette énergie, même avec des aides. Pendant ce temps, la mobilité à hydrogène perd du terrain face à l'essor des technologies des batteries électriques. L'adoption rapide des camions électriques sur le marché contraste fortement avec la lente progression des véhicules lourds et des trains à hydrogène, autrefois considérés comme des utilisateurs potentiels de cette technologie.
Une pression concurrentielle et une baisse des prix
Le secteur solaire français est également en cours de réévaluation. Les nouvelles dynamiques de marché, notamment la concurrence féroce des fabricants chinois, ont fait chuter les prix des panneaux solaires, mettant en péril les efforts de réindustrialisation locale.
Néanmoins, le nouveau règlement européen industrie « net zéro » (NZIA) pourrait revitaliser la filière. En imposant une quota de production « made in Europe », ce règlement offre un espoir de relance pour les producteurs européens de panneaux photovoltaïques.
Le maintien des giga-usines de batteries
L'État continue de soutenir le développement des giga-usines de batteries électriques, malgré les problèmes rencontrés par les pionniers français et européens pour augmenter leur cadence de production. De plus, est-il plus judicieux de réorienter les investissements vers les batteries au lithium solide au lieu de continuer avec les batteries liquides initialement privilégiées ?
Enfin, malgré les réajustements, le gouvernement maintient son soutien aux technologies émergentes comme les calculateurs quantiques, affirmant sa volonté de ne pas abandonner les projets clés qui façonnent l'avenir technologique de la France.