Comme c’est le cas chez plusieurs peuples des Caraïbes, les indiens Mosquitos fonctionne selon un système matriarcal. Pas étonnant donc que ce soit une femme, Cendela López Kilton, qui ait décidé de lancer un vaste …
vaste projet de nettoyage au sein de la communauté aborigène des Mosquitos
Comme c’est le cas chez plusieurs peuples des Caraïbes, les indiens Mosquitos fonctionne selon un système matriarcal. Pas étonnant donc que ce soit une femme, Cendela López Kilton, qui ait décidé de lancer un vaste projet de recyclage. Sa vocation n’est pas seulement écologique, elle cherche avant tout à permettre l’émancipation des femmes dans une société qui ne leur offre que peu d’opportunités.
Le Programme de Micro-Financement du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) a permis à Cendela López Kilton, femme de 58 ans, de monter en 2003 l’association des Femmes Indigènes Mosquita (la MIMAT). Son travail est aujourd’hui reconnu au niveau international.
L'association a permis différentes opérations de nettoyage et de recyclage. Ainsi, la lagune de Caratasca, qui borde la mer sur plus de 60 km et fait partie des zones humides de la Réserve de la biosphère du Río Plátano, a été purifiée. Autrefois, les Mosquitos y jetaient leurs déchets, s'ils ne les brûlaient directement chez eux. Aujourd’hui, grâce à la MIMAT, un camion prend en charge la collecte des déchets. Une première dans l’histoire de cette région ! Cette nouvelle activité garantie également du travail à des centaines de personnes handicapées par les plongées en eaux profondes effectuées sans équipement adéquat.
Cendela est mère de 6 enfants. Fière de ses origines, de sa féminité et du travail qu’elle accompli, en faveur de l’environnement et du développement social. Aux côtés de 1 200 femmes mosquitas, elle a dû surmonter bien des obstacles pour réaliser ses rêves. La culture des Mosquitos, extrêmement machiste, lui pose quelques difficultés. De nombreux hommes de la communauté ne voient toujours pas d’un bon œil cette soudaine émancipation. Par ailleurs, elle doit faire face à la jalousie des autorités locales et des institutions qui ont déjà canalisé les fonds de coopération vers d’autres projets souvent peu efficaces.
Mais sa persévérance a finit par payer. L’association collecte aujourd’hui près de 750 mètres cubes de déchets par mois. Les rues sont balayées, les déchets collectés, triés puis conditionnés avant d’être chargés sur des embarcations qui les emmèneront vers un site de recyclage avec lequel la MIMAT a passé un contrat.
La majorité des travailleurs sont des mères célibataires, des veuves, des personnes souffrant de handicaps divers, des épouses de plongeurs mosquitos ou des femmes âgées. Le projet bénéficie essentiellement aux femmes de la communauté en leur permettant de subvenir à leurs propres besoins sans devoir compter uniquement sur l’argent rapporté par leur mari.
Traditionnellement, les Mosquitos ont toujours vécu de la pêche. Lorsque la surexploitation a rendu impossible la chasse des tortues vertes, ils se sont mis à la recherche de langoustes. Les hommes sont alors partis pêcher pendant de longues périodes durant lesquelles ils étaient contraints d’abandonner leurs foyers. Baptisé côte des Mosquitos, leur territoire s’étend depuis le sud du Nicaragua, dont il couvre presque toute la façade atlantique, jusqu’à la partie méridionale du Honduras.
Aujourd'hui, Cendela López Kilton ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle revient tout juste de Punta del Este, en Uruguay, où elle a été invitée à participer à l’assemblée du FEM, le Fonds pour l’Environnement Mondial, responsable du Programme de Micro-Financement. Là-bas, elle a découvert d’autres initiatives très prometteuses pour le développement social de sa communauté. Et elle compte les adapter rapidement à la côte des Mosquitos.