Dans le viseur du gouvernement français et de la Commission européenne, le géant chinois de l'ultra fast-fashion Shein vient d'annoncer, à l'occasion d'un entretien accordé aux Echos et publié le 3 juin 2024, qu'il allait lancer sa plateforme en ligne de seconde main en France d'ici le mois de juillet 2024.
Shein lance sa plateforme de seconde main en France
Shein semble vouloir rendre son modèle économique plus éthique. Le géant chinois va lancer sa propre plateforme de seconde main nommée Shein Exchange d'ici le mois de juillet 2024. Celle-ci sera exclusivement réservée aux produits de sa marque.
Dans son entretien accordé aux Echos, le président exécutif du groupe, Donald Tang, a affirmé que cette initiative vise à « favoriser l’économie circulaire » et à « encourager les consommateurs à adopter des pratiques de consommation plus durables ».
La fast-fashion : un des secteurs les plus polluants au monde
La fast fashion, dont Shein est l’un des principaux acteurs, si ce n'est le leader, est très régulièrement sous le feu des critiques. Et pour cause, créée en 2012, la firme chinoise pèse à elle seule un tiers du marché de la fast fashion et est capable de produire jusqu'à 7 200 nouvelles références de vêtements par jour ! Et même si Shein se targue de ne produire que ce que ses clients demandent, cela n'enlève pas les répercussions désastreuses que représente sa surproduction. Chiffres à l'appui : le géant chinois peut proposer jusqu'à 7 200 nouvelles références de vêtement par jour.
De fait, le secteur textile est l'un des plus polluants au monde. Celui-ci représenterait, selon le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre mondiales, auxquelles il faut ajouter, les pesticides qui sont utilisés pour la culture du coton, ainsi que la consommation astronomique en eau que demande ce secteur.
Une initiative sous couvert de greenwashing
L'initiative de Shein de lancer sa plateforme de seconde main est loin d'être désintéressée, elle ressemble même à du greenwashing... En effet, la France n'est pas le premier pays à accueillir Shein Exchange. La plateforme de revente du géant chinois est déjà disponible aux États-Unis et compte près de 4 millions d'utilisateurs. De fait, pourquoi la firme chinoise ne l'a-t-elle pas lancée plus tôt en France, mais aussi sur l'ensemble de ses marchés ? Parce que le lancement de sa plateforme en France vise avant tout à répondre à un projet de loi adopté par l’Assemblée nationale en mars 2024, ainsi qu'à l'intégration de Shein sur la liste des entreprises qui seront soumises au Digital Service Act de l'Union européenne.
Ce projet de loi vise à sanctionner les deux géants chinois de l'ultra fast-fashion (Shein et Temu) via un malus de 5 euros par vêtement vendu sur leur site internet, le but étant de freiner la production excessive et de promouvoir des pratiques plus responsables. Si le geste de Shein est plutôt une bonne nouvelle pour l'environnement, on aurait préféré que celui-ci ait été réellement initié par une prise de conscience de la part du géant chinois...