Plusieurs provinces contournent la loi de protection nationale des forêts en ouvrant des clairières destinées à l’élevage au beau milieu de forêts primaires. Baptisée sylvopastoralisme, cette technique est censée concilier production forestière et pâturage, mais n’est pas appropriée à tous les milieux.
Greenpeace dénonce une nouvelle forme de déforestation
Plusieurs provinces contournent la loi de protection nationale des forêts en ouvrant des clairières destinées à l’élevage au beau milieu de forêts primaires. Baptisée sylvopastoralisme, cette technique est censée concilier production forestière et pâturage, mais n’est pas appropriée à tous les milieux.
Vue du ciel, la forêt ressemble désormais à un gigantesque damier. Seules quelques bandes boisées délimitent encore les parcelles mises à nu où viennent paître les vaches. Dans une vidéo (cf. ci-dessous) filmée par hélicoptère et diffusée sur le site argentin de Greenpeace, on peut mesurer l'ampleur des dégâts provoqués par l’élevage intensif dans les provinces de Córdoba, du Chaco et de Santiago del Estero.
Les activistes de la célèbre ONG se sont également rendus sur place par voie terrestre, afin d’évaluer les dommages directs au niveau du sol. Hernán Giardini, responsable de la campagne "forêts" chez Greenpeace, explique :
Les systèmes de sylvopâturages dans les forêts primaires ne sont pas soutenables et conduisent à une déforestation par étapes. Après le passage du rouleau compresseur ou du bulldozer, très peu d’arbres sont encore debouts et presque toute la biodiversité est perdue. Ceci, ajouté à l’implantation de pâturages, implique la destruction du futur de la forêt : le sous-bois.
Hors-la-loi
Depuis la promulgation en 2007 d’un texte ambitieux visant à protéger les forêts sur l’ensemble du territoire national, les écologistes de Greenpeace se battent pour son application. Mais au niveau provincial, les intérêts des éleveurs l’emportent souvent sur la préservation de l’environnement.
Dans les provinces de Santiago del Estero, de Salta, du Chaco et de Formosa, il est même prévu que l’élevage intensif soit multiplié par deux ou par trois au cours des prochaines années, grâce à des systèmes de sylvopâturage. Pourtant, la loi argentine stipule clairement l’interdiction du déboisement des forêts primaire, qui ne peuvent normalement être utilisées qu’à des fins scientifiques ou touristiques. Hernán Giardini dénonce :
Nous sommes en état d’urgence forestière : nous avons déjà perdu 70% des forêts originelles. La progression de l’élevage intensif dans le nord du pays met en péril plus de 10 millions d’hectares de forêts de la région du Chaco, une surface atteignant 500 fois celle de la ville de Buenos Aires.