Fruits et légumes : comment nos aliments perdent-ils leurs nutriments ?

Au fil des dernières générations, nos fruits et légumes ont subi une baisse importante de leur valeur nutritionnelle. Cette évolution affecte directement la qualité des aliments que nous consommons.

Par Stéphanie Haerts Modifié le 13 mars 2025 à 11 h 20
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Une pression sur les rendements

Pour produire plus, les méthodes agricoles modernes diluent les nutriments essentiels des sols. Donald R. Davis de l’université du Texas à Austin pointe du doigt ces techniques qui, en visant un rendement quantitatif, compromettent la qualité nutritionnelle des fruits et légumes. « En apprenant à faire pousser des plantes plus grandes plus vite, celles-ci ne sont pas en mesure de suivre le rythme d’absorption des nutriments du sol ou de synthétiser les nutriments en interne », a-t-il déclaré dans des propos rapportés par le site National Geographic.

L'agriculture intensive perturbe non seulement la santé des sols mais également celle des plantes. Ces dernières perdent leur capacité à s'associer avec les champignons mycorhiziens, essentiels pour l’absorption optimale des nutriments. En conséquence, les plantes deviennent moins résilientes et leur croissance est compromise, affectant directement la qualité des récoltes.

Des risques de carences alimentaires

Avec des aliments de base comme le blé et le riz fournissant moins de nutriments, des populations entières, notamment dans les pays à faible revenu, risquent de développer des carences en protéines et en vitamines essentielles. Cette situation pourrait exacerber les problèmes de santé publique et augmenter la prévalence des maladies liées à la malnutrition.

La baisse de la qualité nutritionnelle des aliments pose un risque pour la santé publique, aggravant les problèmes de malnutrition et de sécurité alimentaire dans le monde. « Pas moins de trois milliards de personnes sur la planète, dont la plupart dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, ne peuvent pas se permettre une alimentation saine régulière. Et au moins deux milliards souffrent de ce que l’on appelle la faim invisible, puisque des micronutriments essentiels manquent dans leur régime alimentaire », a souligné Chase Sova du Programme alimentaire mondial sur le site National Geographic. Il insiste également sur l'urgence de repenser nos systèmes agricoles pour garantir l'accès à une alimentation suffisante et nutritive pour tous.

Comment augmenter les nutriments dans nos fruits et légumes ?

D'après une étude parue en 2017 dans la revue Environmental Health Perspectives, les prédictions concernant les niveaux futurs de dioxyde de carbone dans l'atmosphère pour 2050 indiquent une baisse potentielle de 6 à 14 % de la teneur en protéines des cultures telles que les pommes de terre, le riz, le blé et l'orge. Cette réduction pourrait entraîner une perte de plus de 5 % des protéines alimentaires dans dix-huit pays, y compris l'Inde. La majorité des recherches comparant les produits de l'agriculture conventionnelle à ceux de l'agriculture biologique négligent souvent l'état de santé des sols, que certains considèrent comme le critère le plus important.

L'agriculture régénératrice, qui vise à restaurer la fertilité des sols, se révèle être une stratégie efficace, selon une étude de janvier 2022 parue dans PeerJ: Life & Environment. Cette approche comprend des pratiques telles que la minimisation du labour pour éviter l'épuisement des minéraux et l'utilisation de plantes de couverture comme le trèfle et le ray-grass, qui protègent le sol de l'érosion et limitent les mauvaises herbes. La rotation des cultures améliore la santé du sol et enrichit la teneur en nutriments des cultures futures, tout en augmentant les niveaux de vitamines, minéraux et composés phytochimiques.

Malgré la baisse de la densité nutritionnelle, une alimentation variée et riche en différents fruits et légumes reste fondamentale pour compenser les pertes et garantir un apport suffisant en nutriments essentiels.

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à la consommation, la finance, les technologies, l'énergie et l'éducation.

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