Attaquées par des hordes de volatiles affamés, les baleines de la Péninsule Valdés n’osent plus sortir de l’eau, au grand dam des touristes. La décision des autorités provinciales de faire appel à des professionnels pour tirer à vue sur les mouettes suscite une vive polémique et ne règle pas les causes du problème.
Faut-il tuer les mouettes pour protéger les baleines ?
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Animal hautement emblématique de la Patagonie argentine, la baleine franche australe se reproduit chaque année dans les eaux de la Péninsule Valdés, offrant un spectacle grandiose aux milliers de touristes qui viennent admirer les cétacés dans leur environnement naturel.
Mais depuis quelques temps, un autre animal marin vient jouer les trouble-fêtes, compliquant l’observation des baleines. Ce trublion, c’est la mouette, ou plus précisément le Larus dominicanus, un oiseau charognard que l’on retrouve le long des côtes de l’hémisphère sud.
Friande de déchets en tout genre, la mouette se nourrit souvent des rejets des bateaux de pêche, mais ne rechigne pas non plus à grappiller quelques lambeaux de chairs sur le dos des gros mammifères marins, qu’elle arrache à coup de bec et de griffes.
Chasse à haut risque
Un véritable calvaire pour les baleines, qui réduisent leurs sorties au strict minimum pour pouvoir respirer, privant ainsi les touristes de leur spectacle et les bateaux d'observation de leur gagne-pain.
Pour résoudre ce casse-tête, la province du Chubut est prête à employer les grands moyens et a décidé de faire appel à des professionnels, chargés d’éliminer les volatiles au fusil. Javier Tolosano, responsable de la Préservation des zones naturelles protégées, n’ignore pas que la situation est délicate :
« Comme il n’y a pas eu d’expériences au niveau international, nous devons être très prudents. Nous savons qu’il est nécessaire de contrôler cette relation conflictuelle entre les deux espèces, mais nous savons aussi qu’il s’agit d’un sujet complexe. »
Une surpopulation provoquée par les décharges
Du côté des écologistes, on regrette que les autorités du Chubut ne s’attaquent pas aux véritables causes du problème, comme l’explique Milko Schvartzman, responsable chez Greenpeace de la campagne Océans en Amérique latine :
« Les décharges à ciel ouvert, les détritus qui terminent dans la mer et les déchets rejetés par les bateaux de pêche attirent eux-aussi les mouettes. Il est certain qu’elles représentent un problème sérieux pour les baleines franches, mais ce n’est pas en leur tirant dessus qu’on en finira avec la surpopulation. »
Tous les ans, près de 600 baleines franches australes se réunissent au large de la Péninsule Valdés, et attirent quelque 100 000 touristes.