Alors que les propriétés nutritives de la feuille de coca restent un sujet de vive controverse, l’ONU devra décider de la tenue d’une éventuelle conférence visant à dépénaliser l’usage traditionnel de la coca. Matière première servant à …
Evo Morales milite en faveur de la mastication de la coca
Alors que les propriétés nutritives de la feuille de coca restent un sujet de vive controverse, l’ONU devra décider de la tenue d’une éventuelle conférence visant à dépénaliser l’usage traditionnel de la coca. Matière première servant à l’élaboration de la cocaïne, la coca est également un stimulant naturel d’une grande importance culturelle parmi les populations andines.
La décision du Conseil économique et social (Ecosoc) des Nations Unies d’organiser ou non un vote concernant la demande bolivienne d’autoriser l’acullico (la consommation traditionnelle de feuilles de coca), devrait être connue ce mois-ci.
Les États-Unis, le Canada, le Japon, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, la Suisse, l’Estonie, la Lettonie, la Russie, la Slovaquie et l’Italie, pays appartenants à l’Ecosoc, ainsi que Singapour, la Suède le Danemark et la Bulgarie, ont déjà fait savoir par écrit qu’ils rejetaient cette proposition.
La Colombie, la Macédoine et l’Égypte ont par contre décidé de retirer leur objection, tandis que l’Uruguay et l’Équateur appuient la demande bolivienne.
La coca figure sur la liste des stupéfiants depuis la convention des Nations Unies de 1961 et celle-ci prévoit également l’élimination de sa mastication sur 25 ans. C’est ce dernier point qui est contesté par Evo Morales, qui a déjà proposé par deux fois un amendement pour le modifier.
Je suis venu demander avec beaucoup de respect la correction d’une erreur historique… J’ai consommé de manière intensive la feuille de coca pendant dix années lorsque j’étais travailleur agricole et je ne me sens pas sous-alimenté, j’ai déjà vécu 50 ans
..., a-t-il déclaré en mars 2009, lors d’une conférence de l’ONU. Plusieurs groupes autochtones ont récemment organisé une protestation massive devant l’ambassade des États-Unis, afin d’exiger le respect de cette pratique ancestrale.
Mais les spécialistes sont divisés quant aux prétendues vertus de la coca. La nutritionniste bolivienne María Eugenia Tenorio cite une étude menée par Duke Paerson, un médecin de la NASA, affirmant non seulement que la coca possède des qualités nutritives et une quantité de fibres supérieures aux fruits et légumes, mais qu’elle permet également au cerveau de contrôler les sensations de douleur, de faim, de sommeil, de fatigue et de lutter contre le mal des montagnes.
D’autres scientifiques considèrent en revanche que n’importe quelle plante renferme des vitamines, des protéines, des acides aminés ou des minéraux, et ne voient pas pourquoi utiliser celle-ci en particulier alors qu’elle sert aussi à la fabrication de la cocaïne.
Aliment ou non, la mastication de la coca est pratiquée par des millions de personnes depuis plusieurs milliers d’années, et constitue un rituel aux fortes implications sociales dans les régions andines de l’Amérique du Sud. Quelle que soit la décision des États-Unis, cette pratique ne devrait donc pas disparaître de sitôt.