À l'heure où l'Europe redessine sa carte énergétique face aux défis géopolitiques, un récent rapport de l'IEEFA lance un signal d'alarme sur une éventuelle surcapacité d'importation de gaz naturel liquéfié.
GNL : l'Europe vise 106 milliards de mètres cubes
Suite à la crise ukrainienne, l'Europe a boosté ses importations de gaz naturel liquéfié, espérant ainsi diversifier ses sources d'énergie. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : une hausse de 36,5 milliards de mètres cubes de GNL déjà mise en service. Mais l'ambition ne s'arrête pas là ; l'Europe vise 106 milliards de mètres cubes additionnels d'ici 2030, visant une capacité totale de 406 milliards. Cependant, l'IEEFA met en garde : la demande ne dépasserait pas 150 milliards de mètres cubes à l'horizon 2030. Un tel décalage entre l'offre et la demande appelle un réajustement stratégique.
Après un bond de 68 % dans les importations de janvier à septembre 2021, on observe une légère croissance de 4 % pour la même période en 2023. Le contraste est saisissant : un recul de 18 % en septembre 2023 par rapport à l'année précédente. Cette tendance au ralentissement interroge sur la viabilité à long terme de l'importation massive de GNL et appelle à un examen plus nuancé des stratégies énergétiques de l'Europe.
256 milliards de mètres cubes d'infrastructures inutilisées ?
Les terminaux d'importation de GNL ne tournent qu'à 58 % de leur capacité. Une telle sous-utilisation révèle un excédent d'infrastructures. L'IEEFA suggère de recalibrer les prévisions de demande à la baisse, selon les données actualisées de consommation. C'est un appel à réaligner les infrastructures de GNL avec les objectifs plus larges de transition énergétique et de réduction des émissions carbone.
Le rapport de l'IEEFA lance un avertissement : l'Europe risque de se retrouver avec une capacité d'importation de GNL bien trop généreuse par rapport à la demande modérée. La consommation de GNL européenne en 2023 a conduit l'IEEFA à revoir ses projections à la baisse. Pour éviter un fossé de 256 milliards de mètres cubes d'infrastructures inutilisées, l'Europe doit ajuster ses prévisions et aligner ses investissements sur une stratégie énergétique durable et réaliste.