Le réchauffement climatique, qui constitue l’un des plus grands défis de notre temps, nous oblige à repenser nos technologies pour les rendre plus économes en énergie.
Et si nous modifions l’Humain pour lutter contre le réchauffement?
Le réchauffement climatique, qui constitue l’un des plus grands défis de notre temps, nous oblige à repenser nos technologies pour les rendre plus économes en énergie. Selon trois philosophes spécialistes de bioéthique, une solution serait de nous faire subir des transformations biologiques afin de réduire notre empreinte écologique.
Au-delà des mécanismes économiques et technologiques
Les « green techs », comme nous aimons les appeler, ont fait un véritable boom dans les dernières années. Toujours plus créatifs et performants, les ingénieurs s’attèlent à trouver des produits utilisant des technologies moins gourmandes en énergie. Voitures électriques et hybrides, énergie solaire et éolienne, en passant par les ampoules LED, les idées de manquent pas.
Cependant, selon S. Matthew Liao, enseignant de philosophie et bioéthique à l’université de New York, et ses deux confrères, Anders Sandberg et Rebecca Roache, de l’université d’Oxford, l’amélioration des technologies aurait ses limites. Pourquoi ? Parce que l’homme possède sa propre empreinte écologique. Et dans une situation planétaire, où nous avons franchi le cap des sept milliards d’habitants, où chaque pays demande au voisin de faire l’effort le premier, où chacun veut préserver son niveau de vie, la question est saisissante. Les technologies seront-elles suffisantes pour faire baisser notre empreinte écologique ?
Le raisonnement des trois chercheurs est simple : appliquer l’idée de manipulation et d’amélioration des technologies et du climat sur nous-mêmes. Dans la revue Ethics, Policy & Environment , ces chercheurs-penseurs proposent une série de modifications biomédicales susceptibles d’aider les humains à consommer moins. Selon ces derniers, dans la lutte contre les changements climatiques, l’évolution devrait également être prise en compte d’un point de vue biologique. Alors, pourquoi ne pas faire évoluer artificiellement l’être humain?
Jouer aux apprentis sorciers
Certaines des modifications proposées sont simples et non invasives tandis que d’autres techniques provoquent déjà la polémique. De nombreux rapports abondent assurant qu’une grande partie des émissions mondiales de gaz à effet de serre et de CO2 proviennent du bétail. De là, il paraît évident pour les chercheurs que la réduction de la consommation de viande aura des avantages considérables pour l’environnement. À cet effet, ils envisagent d’administrer aux consommateurs de viande un comprimé qui provoquerait de violentes nausées et entraînerait chez eux une aversion durable pour ces derniers.
Un autre exemple concerne la taille humaine. Certaines études ont démontré que l’empreinte écologique des humains était en partie reliée à leur taille et à leur poids. Chaque kilo de masse corporelle nécessite un certain nombre d’aliments et de nutriments pour le nourrir et le faire fonctionner correctement. Par conséquent, plus une personne est grande ou massive, plus elle aura besoin d’ingérer de nourriture et plus elle brulera d’énergie au cours de son existence. De même, cette personne nécessitera plus de dépenses en énergie lors des déplacements en voiture ou en avion. Les chercheurs préconisent donc une réduction de la taille des êtres humains par le biais du diagnostic génétique préimplantatoire, déjà pratiqué lors d’une fécondation in vitro. Une façon de venir sélectionner les embryons à implanter pour avoir la taille désirée.
Les auteurs précisent plusieurs fois qu’ils ne souhaitent pas que toutes ces propositions de progrès soient appliquées de manière coercitive. Alors que plusieurs auteurs et journalistes estiment ces modifications sur la nature humaine dangereuses et folles, la question est : sommes-nous rentrés dans l’ère de l’Homme amélioré ?
Christine Lacaze