Et si l’avenir des éoliennes était de flotter ?

Par GV Modifié le 29 décembre 2016 à 10 h 58

Il y a du nouveau sur le front des énergies renouvelables. Offrant l’avantage d’une source écologique et inépuisable d’électricité, les éoliennes flottantes pourraient, dans les prochaines années, occuper une place de choix parmi les énergies vertes les plus prometteuses.

Les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique et la recherche de nouveau moyens de production d’énergie à faible empreinte carbone ont motivé le développement de nombreuses filières vertes. Hydroélectricité, biomasse, biogaz, solaire, en France, les conditions climatiques ont poussé les investisseurs et chercheurs à se concentrer sur l’éolien. S’il y a encore peu de temps l’énergie éolienne était principalement considérée comme terrestre, les installations de turbine « offshore » - comprendre au large des côtes, ont depuis peu le vent en poupe. Et si les premières installations hydroliennes étaient fixées dans les fonds marins, c’est sur le potentiel des fermes flottantes que se porte aujourd’hui la recherche technologique.

Le principe, les avantages

Immergées au moyen de systèmes de bouées remplies d’eau et retenues par des câbles à ancrage sous-marin, les éoliennes flottantes ont l’avantage de pouvoir être installées en haute mer dans des zones particulièrement venteuses. Résultat, pour un prix de revient supérieur à celui de l'éolien posé, leur production d’énergie, du fait de leur exposition à des vents de large plus forts et plus réguliers, est sensiblement supérieure. Publiée en août dernier, une étude Bearing Point fait état d’un potentiel mondial de 240 GW pour l’éolien flottant. Et en France, selon l'association professionnelle France Energie Eolienne (FEE), les capacités de production des parcs éoliens flottants pourraient atteindre 6 GW, soit un dixième du parc nucléaire français.

Comme l’explique Paul de La Guérivière, PDG de la société Idéol, installée à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), « les éoliennes flottantes cumulent les avantages » : « on peut les installer beaucoup plus loin des côtes, ce qui réduit l’impact visuel et règle les conflits d’usage. Les générateurs profitent aussi de meilleurs vents. Enfin, contrairement aux éoliennes marines posées au fond, le montage et la maintenance peuvent être faits à quai, ce qui plus simple est moins cher ». Inutile de s’interroger, au vu des avantages que présente l’éolien flottant, sur l’avenir de la filière. Selon l’étude Bearing Point précitées et la FEE, l’éolien flottant pourrait compter parmi les secteurs de pointe de l'industrie française dès 2020.

Un développement mondial

Ailleurs dans le monde, la tendance prend progressivement : le Portugal a développé son prototype, la Norvège également. L’Allemagne a quant à elle récemment déployé ses premiers modèles dans la mer Baltique. Le Japon, qui a dores et déjà déployé quelques éoliennes flottantes, a dernièrement commandé à l’entreprise française Idéol son tout dernier modèle. L'accident nucléaire du 11 mars 2011 a eu un effet accélérateur au Japon qui compte déployer à l’horizon 2020 pas moins de 140 éoliennes flottantes totalisant une puissance d’1 GW (Gigawatt), soit celle d'un réacteur nucléaire.

Retour en France, ou, porté par EDF Énergies Nouvelles en collaboration avec l’entreprise française spécialisée Nénuphar et la société Technip, un projet de ferme pilote comprenant 13 éoliennes flottantes est en cours d’installation à une vingtaine de kilomètres au large de Fos-sur-Mer.

Baptisé « Provence Grand Large », ce projet vise une puissance finale de 26 MW et a nécessité un investissement de 130 millions d’euros, dont 39 issus des subventions de l’Union européenne. Les projets « Eolfi » à Groix (Morbihan) et « Quadran » à Gruissan (Aude) prévoient quant à eux l’installation à 14 km des côtes de 4 éoliennes de 6 MW chacune. Pour ces deux projets, sur les deux milliards d'euros d'investissement estimés, 25% seront financés par des fonds propres, 50% par des emprunts et 25% par des aides de l'Etat.

Belles perspectives donc, pour un secteur qui il y a quelques années, ne retenait l’attention que de quelques chercheurs et ingénieurs. D’après Arnaud de Villepin, directeur de la division industrie d'Eiffage Métal : « face à la crise d'investissement dans le pétrole et le gaz due à la baisse du prix du baril, l'éolien offshore est une excellente diversification ». Et d’ajouter « L'éolien flottant est un marché émergent qui se développera s'il arrive à fournir de l'énergie au prix du marché, ce qui exige une production industrielle ». Ayant le potentiel de multiplier par trois les possibilités d'implantation de sources de production d’énergie offshores en France, l'aventure de l’éolien flottant ne fait donc que commencer. L’arrivée des premiers kilowattheures dans les réseaux français est prévue pour 2020. La future énergie dont la Terre a besoin pourrait bien venir de la mer.

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