A Santa Inês, au Nord du Brésil, l’exploitant d’un élevage bovin et d’un petit zoo traitaient beaucoup mieux ses animaux que ses 12 employés. Ceux-ci ont été retrouvés dans des conditions proches de l’esclavage. Le procès en justice pourrait condamner le propriétaire à verser un indemnité de 1,3 million d’euros.
Esclavage au Brésil : les animaux étaient mieux traités que les hommes
A Santa Inês, au Nord du Brésil, l’exploitant d’un élevage bovin et d’un petit zoo traitaient beaucoup mieux ses animaux que ses 12 employés. Ceux-ci ont été retrouvés dans des conditions proches de l’esclavage. Le procès en justice pourrait condamner le propriétaire à verser un indemnité de 1,3 million d’euros.
Il s’appelle Gil Alencar, il est propriétaire d’un mini-zoo dont le nom lui rend hommage: "Gilrassic Park". Le parc compte 900 animaux de 100 espèces différentes, principalement des oiseaux et des animaux sauvages.
A 5 km du Gilrassic Park, sur la même propriété , la situation des 12 employés de Gil était bien différente: ils ont été récupérés par des inspecteurs du travail alors qu’ils se trouvaient dans des conditions «inhumaines et dégradantes » selon le rapport des inspecteurs.
Ils travaillaient sans contrat de travail et sans équipements de protection individuelle (EPI). Leur logement se trouvait isolé en plein milieu de la forêt, sans aucun moyen de transport. Pour arriver jusqu’à eux, l’équipe des inspecteurs a dû se frayer un chemin au milieu de sous-bois et de terres inondées.
Les travailleurs dormaient sur le même terrain servant de pâturage aux bovins. Sans murs, leur baraque possédait une simple toile en guise de toit, sans abri contre les aux animaux, la pluie, et sans toilettes.
Pendant que les animaux de Gil bénéficiaient d’un régime alimentaire équilibré, élaboré par un nutritionniste, les employés n’avaient pas le droit de manger de la viande. “Ils cuisinaient de manière précaire et irrégulière. Leur alimentation se limitait au riz et aux haricots”, explique Márcia Albernaz Miranda, responsalbe de l’inspection.
Le matin, à 6h, ils avaient droit à un bol de café accompagné d’une pâte de farine de maïs. Certains préféraient travailler l’estomac vide plutôt que d’ingurgiter cette pâte ‘immangeable’.
Leur seule source d’eau provenait d’un petit cours à proximité de leur baraque, là où le bétail buvait, déféquait et urinait. Le liquide, de couleur jaune et impropre à la consommation, était utilisé pour boire, cuisiner et se laver.
La ration des animaux du Gilrassic Park était stockée dans des entrepôts frigorifiés. Elle était servie aux animaux dans des mangeoires stérilisées, après y avoir ajouté un complément de fruits et légumes frais.
“Les animaux vivaient dans de meilleures conditions que les employés de la ferme”, estime la responsable de l’inspection. “Ici, dans le Maranhão, on n’est pas habitué à voir un zoo avec une telle structure”.
Le Ministère du Travail a lancé une procédure contre Gil. La demande d’indemnisation est de 1,2 million d’euros.
Aucun des 12 employés ne connaissait personnellement le propriétaire, même après 10 années passées à la ferme. Leur salaire de misère, inférieur au salaire minimum, était souvent payé en retard et avec des déductions. Ils devaient eux-mêmes s’acheter leurs outils de travail, mais, à cause des retards de paiements, ils s’endettaient auprès du propriétaire.
Gil Alencar va voir son nom figurer sur la “liste noire” du travail esclave – registre du Ministère du Travail indiquant les employeurs qui ont recours à cette pratique. Le secteur de l’élevage est celui qui apparaît le plus souvent dans la liste noire, avec 158 cas sur un total de 391.