Si la filière est encore émergente, la France vise à faire de l’éolien flottant un secteur de pointe pour son industrie dès 2020. Résultat : les éoliennes flottantes ont désormais la cote dans l’Hexagone.
La France dispose de 3 500 km de côtes et "bénéficie de conditions géographiques très favorables au développement de l’éolien", selon l’association France Energie Eolienne (FEE). Celle-ci souligne également que le pays "dispose d’infrastructures portuaires nombreuses et favorables" et "fait état d’une expérience et d’un savoir faire maritimes qui ne sont plus à démontrer". Alors, pourquoi un tel retard dans le développement de l’éolien flottant ?
Avant d’aller plus loin, il convient de distinguer l’éolien flottant de l’éolien offshore traditionnel. En effet, une éolienne peut être installée de deux façons en mer : sur une fondation ancrée dans le fond marin (fondation dite "posée"), ou sur une fondation flottante simplement reliée au fond marin par des lignes d’ancrage afin de maintenir l’ensemble en position.
Si seule la fondation et l’ancrage diffèrent entre l’éolien posé et l’éolien flottant, ce dernier permet de tirer profit d’un vent plus fort et plus constant au large. Il limite l’impact environnemental (visibilité réduite depuis la côte et démantèlement complet en fin de vie) et permet une installation des éoliennes plus économique à quai.
Actuellement, le coût et les contraintes techniques limitent l’installation d’éoliennes offshore dans des zones de 40 à 50 m de fond. Mais l’éolien flottant pourrait "repousser cette limite à 200 m de profondeur et ainsi multiplier par trois les possibilités d’implantation", selon les informations du Parisien.
Les pionniers de l’éolien flottant
En France, la première éolienne pouvant flotter en mer est en construction à Saint-Nazaire (Loire Atlantique). Avec un imposant flotteur en béton et un anneau carré ouvert en son centre qui mesurera 36 mètres de côté pour 10 mètres de hauteur, "Floatgen" sera la septième éolienne flottante pilote dans le monde. Lancé en 2013, le projet représente un investissement de 25 millions d’euros et devrait être mis en service avant la fin de l’année au large du Croisic.
Floatgen réunit sept partenaires en France (ECN, Ideol, Bouygues), mais aussi en Allemagne (Université de Stuttgart et Fraunhofer-Iwes), au Royaume-Unis (RSK Group) et en Espagne (Zabala). Pour la startup provençale Ideol, concepteur de la structure flottante, Floatgen "constituera le point de départ d’un déploiement en série".
Deux autres projets de fermes pilotes ont été lancés en France. Les projets Eolfi à Groix (Morbihan) et Quadran à Gruissan (Aude) prévoient de déployer 4 éoliennes de 6 MW chacune, à 14 km des côtes. Deux-cents millions d’euros seront investis dans le projet de Groix et 4 années de concertation et de travaux seront nécessaires pour une mise en service en 2020. Le site au large de Gruissan, mené par Engie, le portugais EDPR et la Caisse des Dépôts, devra également être mis en service en 2020.
Secteur stratégique pour les régions littorales
Un groupement constitué d’Engie, EDP Renewables, la Caisse des Dépôts, Eiffage, Principle Power et GE doit quant à lui installer la ferme pilote d’éoliennes flottantes située en large de Leucate, en Méditerranée. Elle comprendra 4 éoliennes GE Haliade 150-6 MW unitaires associées aux flotteurs semi-submersibles conçus par Principle Power à Aix-en-Provence et construits par Eiffage Métal à Fos-sur-Mer.
Sans oublier bien sur le projet pour la zone de Faraman (Bouches-du-Rhône), porté par l’énergéticien EDF Energies nouvelles (EN), filiale d’EDF. Baptisé "Provence Grand Large" (PGL), ce projet se compose de trois éoliennes de 8 MW fournies par Siemens et équipées de flotteurs développés par SBM et l’Institut IFP EN.
Après avoir quelque peu raté le coche de l’éolien offshore, la France est décidée à rattraper son retard sur l’éolien flottant. Or, "investir dans l’éolien en mer est indispensable sur le court terme pour conquérir des parts de marché avant que celui-ci ne se consolide", prévient France Energie Eolienne.
Et l’association ne manque pas d’idées pour le développement du secteur. Elle propose notamment de se fixer un objectif "réaliste" de 15 GW d’éolien en mer posé et 6 GW d’éolien flottant à l’horizon 2030. Pour cela, il est nécessaire de simplifier le régime des autorisations des projets, mettre en place un cadre incitatif pour l’éolien en mer flottant ou encore encadrer les contentieux relatifs aux projets éoliens en mer. Des conseils que la France devra étudier attentivement…